"Mr. Robot", la série qui va vous laisser hacké

Pendant que le monde attendait fébrilement la diffusion de la deuxième saison très (trop?) attendue de True Detective, une série diffusée sur la chaîne câblée américaine USA Network (Suits, Burn Notice) se préparait à devenir LE phénomène de l’été. Mis à disposition sur des plateformes de VOD un mois avant sa diffusion, l’épisode pilote de la série Mr. Robot a rapidement affolé Twitter. Portée par ce buzz inattendu, la série a été renouvelée pour une deuxième saison, avant même sa diffusion à l’antenne, le 24 juin dernier. Inédite en France (aucune chaîne de télévision n’a jugé opportun de l’acquérir pour l’instant), on ne saurait trop vous conseiller de vous précipiter sur ce nouveau phénomène sériel qui rend hommage à de nombreuses œuvres cultes de la pop culture. En voici trois, sélectionnées par Pop Up’.

"Fight Club" (1999)

Thriller se déroulant dans le monde des hackers, Mr. Robot est de bout en bout un hommage appuyé à Fight Club, le roman paranoïaque de Chuck Palahniuk adapté à l’écran par David Fincher à la fin des années 1990. Double 2.0 de Tyler Durden, Elliot Alderson (impressionnant Rami Malek, aperçu dans les trois volets de La Nuit au musée) incarne dans Mr. Robot un jeune sociopathe qui affronte l’hostilité de notre société moderne à grand renfort de morphine, dissimulé sous la capuche de son hoodie noir. Employé d’une société de protection informatique le jour, il se métamorphose en cyber-justicier lors de ses nuits sans sommeil. Jusqu'à ce qu'un certain "Mr. Robot" le recrute pour pirater la plus grosse des multinationales, E-Corp (rebaptisée Evil-Corp), et déclencher "la plus grande redistribution de richesse jamais vue dans le monde".

Critique cynique de notre société ultra-connectée, Mr. Robot multiplie les clins d’œil appuyés à son grand frère Fight Club. Voix off omniprésente, mouvements de caméras ultra-rapides, le réalisateur américain Sam Esmail ne cache pas ses influences. Le choix d'une reprise au piano de l’emblématique morceau des Pixies, Where Is My Mind, pour clore l'épisode 9 étant une des plus évidentes.

"Pump Up the Volume" (1990)

Les moins de 30 ans ne le savent pas mais Christian Slater était une star dans les années 1990. Révélé dans Le Nom de la rose, il a marqué toute une génération de jeunes pubères en incarnant dans Pump Up The Volume, Mark Hunter, un garçon réservé qui se métamorphosait la nuit en “Harry la trique”, un animateur de radio pirate qui cristallisait toute la révolte adolescente. Disparu des écrans radars dans les années 2000, Slater incarne aujourd’hui ce mystérieux "Mr. Robot", à la tête de Fsociety, un groupe de hackers anarchistes façon Anonymous déterminé à changer le monde.

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Dans une ère post-Snowden, Mark Hunter aurait probablement été un hacker et le choix de Christian Slater pour incarner le personnage qui donne son nom à la série est tout sauf innocent. Mark Hunter a certes grandi, mais il n’a rien perdu de son goût pour foutre le bordel. "Fuck the society" comme se plaît à répéter Elliot, en écho à son frère jumeau des 90's.

"Profit" (1996)

Au Panthéon des anti-héros, bien avant Dexter, Walter White ou même Tony Soprano, il y avait Jim Profit, héros éponyme d’une série qui choqua l’Amérique au milieu des années 1990, au point d’être déprogrammée par la Fox dès le quatrième épisode. Employé sans scrupule, Jim Profit est "une version moderne de Richard III, archétype du manipulateur machiavélique né de l'imagination de William Shakespeare", rappelle Le Monde des séries. Une description qui colle parfaitement à Tyrell Wellick (Martin Wallström), l’ambitieux vice-président chargé de la technologie à E-Corp dans la série Mr. Robot.

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Mais Mr. Robot est, à bien d’autres égards, un fier rejeton de Profit, miroir glaçant de nos sociétés déshumanisées. Avec son esthétique singulière rarement vue à la télévision, qui combine filtres sépias et bleus avec des cadrages sans compromis, Mr. Robot se hisse au rang des séries qui marquent les esprits. Tellement ancrée dans nos problématiques contemporaines que la diffusion du dernier épisode de la saison a dû être repoussée d’une semaine : une scène présentait trop de similitudes avec l’assassinat de deux journalistes qui venait de se dérouler en direct à la télévision américaine. Espérons que ce préjudice ne sera pas fatal à Mr. Robot...