Le dernier épisode de "Game of Thrones" est-il allé trop loin ?

"OK. Pour moi, Game of Thrones, c'est fini." Claire McCaskill, une sénatrice américaine, a résumé en un tweet, mardi 19 mai, l'état d'esprit de nombreux téléspectateurs qui ont vu l'épisode 6 de la saison 5 de Game of Thrones, diffusé dimanche sur HBO (attention SPOILER). La sénatrice démocrate du Missouri, grande fan de la saga, n'a pas supporté de voir Sansa Stark se faire violer par son nouveau mari, Ramsey Bolton, sous les yeux de son frère adoptif, Theon Greyjoy. 

"Cette scène de viol gratuite était dégoûtante et inacceptable", s'est emporté Claire McCaskill connue pour son engagement contre les violences sexuelles en étant à l'origine de législations luttant contre les viols sur les campus et dans l'armée.

Un site web décide de boycotter la série</p#>

Une critique reprise par de nombreux internautes, dès la conclusion de l'épisode, qui ont qualifié cette scène de "dérangeante" ou "terrible". Certains n'hésitant pas à promettre qu'ils allaient cesser de suivre ce show. Une colère renforcée par le fait que cet épisode précis n'existe pas dans les livres dont est adaptée la saga, écrits par l'Américain George R.R. Martin.

Après la diffusion de cet épisode, le site féministe The Mary Sue, qui s'intéresse à la pop culture, a même décidé de ne plus promouvoir Game of Thrones, relève Slate"Ils ont choisi d'utiliser le viol comme un instrument narratif. Une fois de plus. Dans ce cas particulier, le viol n'est pas nécessaire au développement du personnage de Sansa (elle a déjà surmonté une violence abusive de la part d'hommes), peut-on lire sur The Mary Sue. Il n'est pas nécessaire pour nous faire comprendre que Ramsay est un sale type (on le sait déjà); il n'est pas nécessaire pour nous prouver “à quel point la condition des femmes était horrible” (Game of Thrones est une fiction, et l'on sait déjà que cet univers fonctionne de manière extraordinairement patriarcale). Le viol, ici, comme tout le temps, n'est pas nécessaire pour conduire l'histoire."

George R.R. Martin monte au créneau</p#>

Un "flot de courriels et de commentaires hors-sujet" ont d'ailleurs inondé le blog de George R.R. Martin dès la fin de l'épisode. "La série télévisée est la série télévisée, les livres sont les livres, ce sont deux façons différentes de raconter une même histoire", a répondu l'écrivain. Les différences "existent depuis la saison une", ajoute-t-il et avec "l'effet papillon, des petits changements conduisent à de grandes différences puis à d'énormes différences". Les créateurs de la série TV "essayent de faire la meilleure série TV possible et j'essaye d'écrire les meilleurs livres possible", assure George R.R. Martin.

Face à l'ampleur des critiques, d'autres membres de Game of Thrones ont défendu cette scène. Dans une interview à Entertainment Weekly, l'actrice Sophie Turner, qui incarne Sansa Stark, a expliqué qu'elle avait "adoré" cette scène. "Après avoir échappé à Joffrey, on pense que Sansa va perdre sa virginité avec quelqu'un de vraiment doux qui prendra soin d'elle, et elle se retrouve avec quelqu'un de bien pire, explique-t-elle. J'aime bien le fait qu'elle ne sache pas ce qu'est un vrai psychopathe jusqu'à cette nuit. Elle le pressent, mais elle a plus peur de son père. Et puis cette nuit-là, tout part en couilles."

"Oui, c'était horrible. C'était le but"</p#>

Et pour certains fans ou journalistes, les critiques qui ont suivi la diffusion de cet épisode sont exagérées. Amanda Marcote, sur Slate.com, loue même la qualité de cette scène. "Pour une fois, un viol est représenté de façon juste : un acte de sadisme et pas une surabondance de passion, explique-t-elle. [...] Le viol de Sansa Stark – tout comme l'exécution de Ned et les Noces pourpres – n'a pas été traité à la légère, mais présenté comme un acte de guerre envers la famille Stark. Oui, c'était horrible. C'était le but."