Sali et en colère... mieux vaut-il, encore... l'écrire

Je m'en doutais... je n'aurais pas du, vraiment... J'y ai échappé toute la journée. Ou, pour être plus précis, je n'avais pas eu la curiosité de.. même si j'avais une petite idée de la teneur du texte. Je parle bien de cette tribune, d'hier, accueillie par le journal "LIbération", ou plutôt ces deux "textes", si l'on peut appeler cela ainsi!

Mort d'Adama Traoré : «Si on se tait, c’est toute notre société qui se salit»

Les toutes premières phrases du textes sont sans équivoques "... des personnalités réclament justice". Rappelons que cette affaire est toujours en cours d'instruction, dépaysée à Paris depuis quelques semaines. En l’occurrence, de manière très claire, la justice ne s'est pas encore prononcée. Mais voilà, d'aucuns cherchent à l'influencer. Comprendre, si la justice devait décider d'un non lieu à l'encontre des gendarmes intervenus, cela serait donc une "injustice". Inversement, si elle devait renvoyer les gendarmes devant un tribunal, ce serait un début de justice. Encore faudrait-il que ces gendarmes soient condamnés, et si ce n'est pas le cas, retour case numéro 1. Donc, une certaine idée de la justice "faites ce que je dis".

Le texte continue alors en parlant de ce que cette affaire aurait pu être une "... énième bavure meurtrière... ". Oui oui, énième, parce que bon, vous savez,"la police assassine", hein! Comptez les morts, chaque jour. Et, en plus, ô rage, ô désespoir, le parlement a voté, ce jour, une loi donnant un permis de tuer à la Police. Fuyez, bonnes gens, sauvez vos fesses, les flics reluisent leur Sig Sauger, chargeurs à la ceintures, prêts à en découdre. Des hordes entières s'apprêtent à débarquer. Depuis le temps qu'ils attendaient ça, hein! Bref, du grand n'importe quoi.

Ah pour information, c'est un argument qui nous a déjà été servi lorsqu'il s'est agi d'autoriser les policiers à porter leur arme en tous temps et tous lieux, voilà quelques mois, alors que l'on prolongeait l'état d'urgence. Et donc? Quel résulat? Eh bien oui? Combien de morts par balle, depuis ? Allons-y ! J'attend les réponses, toujours... En réalité... aucune; si ce n'est, de ce qui m'a été donné d'apprendre, un policier qui s'est suicidé avec son arme.

L'on nous parle alors des circonstances dans lesquelles Adama Traoré est décedé; l'on passe du contrôle auquel il a voulu échapper "parce qu'il connaissait la violence susceptible d'en découler". Par ces mots l'on donne un conseil, à tous ceux qui devraient se faire contrôler. Fuyez, vous risquez la mort. On sous-entend que, au minimum, on tabasse tous les jours,voir plus.

J'appelle juste votre attention sur un fait. D'abord, il s'agit-là d'un fait. UN. Malheureux; je l'ai déjà dit, aucune action de police ne doit jamais mener à la mort, rien ne le mérite, cela va de soit. Seconde remarque, oui, la police doit parfois user de violence. Et là, il y a, il faut en avoir conscience, une zone grise. A la fois, on ne connait pas l'état de santé de ceux avec qui l'on doit se confronter, mais aussi, par définition, la violence n'est pas toujours des plus aisée à calculer. Une interpellation ressemble parfois plus à une bagarre de rue qu'à un entrainement de karaté. Et lorsque la personne qu'on a interpellé une fois s'échappe, on est effectivement un peu plus coercitif, plus attentif et plus dur. Mais, je le répète (puisque l'on va m’interpréter, c'est certain), cela n'autorise aucune disproportion, et ne doit jamais conduire au décès. Et quoi qu'on en pense, ce dont je suis certain, c'est que les gendarmes en cause n'ont pas voulu la mort d'Adama Traoré. La justice dira si la violence à laquelle les gendarmes ont du recourir était proportionnée ou non.

J'ajoute que, malgré ce que nombre de personnes veulent faire croire, il n'est, à aucun moment question de racisme dans cette affaire. A aucun moment.

La fin du courrier fait alors une référence à l'affaire la plus récente, celle du jeune Théo. Et ces signataires d'associer ces deux affaires par leur point commun "les violences policières". En ce qui me concerne, j'estime que ces deux affaires n'ont strictement rien à voir, et n'ont donc pas à être mêlées l'une à l'autre.

En ce qui concerne cette seconde affaire, il semble n'y avoir aucune ambiguïté sur l'origine du contrôle et de l'interpellation de Théo. Elles n'avaient pas lieu d'être. L'intervention même des policiers n'avait pas de sens. Quand aux violences qui ont conduit à l'interpellation, c'est un euphémisme que de dire que, en l'état actuel de notre connaissance du dossier, les policiers ont commis, à minima des violences illégitimes, voir un viol ou des actes de torture et de barbarie. Mais, là encore, la justice fait son travail avec tous les elemnnts qu'elle accumule.

Je ne reviendrai pas sur la problématique de communication autour de cette affaire, seul passage auquel je peux souscrire.

Enfin, cette lettre est signée de nombreux artistes. Soit. Que des personnalités s'unissent lorsqu'ils font face à une inquiétude sociétale ne peut être qu'une bonne chose. Pourtant, j'aurais aimé que ces artistes prennent la plume, également, lorsque des policiers ont brûlé dans un véhicule, à Viry Chatillon, pour dénoncer l'ignominie de ceux qui ont mis le feu au véhicule, ou ont voulu empêcher mes collègues de sortir. J'ose le parallèle? Oui. Pour quelle raison? Parce que l'émotion de certains est, au pire à sens unique, au mieux à géométrie variable. Alors probablement que des policiers, brûlés dans une voiture, c'est moins critique, moins vendeur... Peut-être.

La police et tous ceux qui la composent se doivent d'être irréprochables, c'est vrai. A l'inverse, elle mérite autre chose qu'un traitement médiatique par lequel on se dit que, ma foi, on est tous pourris, tous violents et racistes. Dois-je le rappeler, chaque jour, des milliers d'intervention de la police se déroulent de la meilleure des manières. Est-ce une raison pour excuser ceux qui fautent? Absolument pas. Simplement, je tenais à rappeler que bon nombre d'entre nous font leur boulot avec le plus grand respect de la fonction qui est la leur, des pouvoirs qui leurs sont donnés.

Lettre d’un élu de la République à l’avenir

La racisme; j'y viens. J'en arrive à cette "lettre" d'un élu... et là, déjà, mon cœur se serre.. .cet homme est un élu! Enfin, un "ancien élu". Steevy Gustave, ex-maire adjoint de Brétigny-sur-Orge (91).

Dès le début, il nous parle de "Zyed et Bouna, de Lamine, Mohamed, Bertrand, Malik, Jonathan"…

Je ne connais pas tous ces prénoms, et les affaires qui sont associées, alors j'ai fait une recherche "google", dont le résultat est le suivant:

  • Zyed et Bouna, la justice a jugé, à deux reprises, qu'aucune responsabilité ne pouvait être retenue à l'encontre des deux policiers poursuivis.
  • Lamine Dieng, on en parle ici. Un homme interpellé en pleine rue, à Paris, qui décède lors ou après l'intervention de police
  • Jonathan, la seule trace que j'ai pu trouver est celle d'un jeune homme de 24 ans, Jonathan Zoka,  tombé d'un toit alors que la police le poursuivait.
  • J'imagine que Malik fait référence à Malik Oussekine, décédé lors d'une opération de police en 1986 (s'il s'agit d'une autre affaire, je suis preneur de l'information).
  • Bertrand, c'est Bertrand Nzohabonayo, décédé à Jouy les Tours en décembre 2014, par ce qui, à l'origine, était présenté comme une "attaque terroriste".
  • Pour ce qui est de "Mohamed", je pense qu'il s'agit de cette affaire.

Voilà; je ne les connaissais pas toutes; mais au moins, cela nous donne une idée de quoi il est question (faites l'effort d'aller lire ces articles). Je ne préjuge d'aucune de ces affaires, ne les connaissant pas, pour la grosse majorité. Mais, ce qui frappe, d'ores et déjà, c'est la disparité des situations. Et donc, la suite de l'article va nous le dire, la police a donc tué toutes ces personnes. Enfin, c'est ce que l'auteur, qui a eu accès à tous les dossiers d'instruction, j'imagine, veut nous dire.

Le début de l'article, ma foi, je n'ai pas grand chose à y redire. C'est un point de vue; il différencie les policiers des brebis galeuses. Soit. Mais la dérive ne va pas tarder, je cite "y a-t-il une justice pour les hommes à la peau sombre et une pour ceux qui portent l’uniforme". Autrement dit, allons au bout de la logique, en plus des policiers intervenants, les magistrats en charge du (des?) dossier sont racistes. Non? C'est bien cela que cela signifie, clairement! Ils apprécieront.

Mais bon, Steevy Gustave met ensuite un peu de pommade, pour ne pas choquer; il parle de Ahmed, Clarissa, Aurélie... des policiers tués en service. En fait, pour, d'ores et déjà, s'excuser de ce qui va suivre; un peu comme cette phrase, souvent dénoncée "je ne suis pas raciste, hein, j'ai un copain il s'appelle Mohamed". Oui, Steevy n'a rien contre les flics, hein, il pleure Clarissa, Ahmed, Aurélie... 

Je vous passe les demandes que cet élu fait au Président de la République; c'est son opinion, et elle ne me pose aucun souci; cela se respecte.

C'est là qu'intervient le coup de massue, et je vais volontairement copier le texte dans son intégralité:

Nous demandons une vigilance accrue lors des recrutements car les policiers racistes qui posent problème ne sont pas devenus racistes par la dureté de la mission. Il semblerait que le plus souvent, ce soit de jeunes militants issus d’un parti politique bien connu qui se sont engagés pour pouvoir commettre leurs exactions en toute impunité.

Je n'ai pas de mots. En fait, si; je me sens sali. Comme si cela ne suffisait pas, en ces jours difficiles, pour tous les policiers de France, aujourd’hui montrés du doigt. Oh, je ne devrais probablement pas me sentir visé, j'ai aujourd'hui 41 ans, je ne fais pas partie de ces "jeunes recrues". Et pourtant. Quelle stigmatisation. Quelles généralités gerbantes nous amène cet ancien élu! Ce passage m'exaspère au plus haut point, et je me devais de l'écrire, tellement je suis en colère.

Oui, encore une fois, je me sens sali par les mots de cet homme. Peut-être devrais-je faire comme lui, et parler des tous les élus POURRIS par l'argent et la corruption. Après tout, c'est d'actualité, et assez facile.

Monsieur Gustave, vous n'avez pas l'étoffe de l'élu, représentant de la nation, ou pour le moins de vos administrés, que vous devriez être. Peut-être cela fait-il partie de raisons qui font que vous n'êtes plus élu, et c'est tant mieux. Ces paroles me déshonorent. Et malgré cela, voyez-vous, lundi matin, j'irai à nouveau travailler. Sans distinction des personnes qui me font face. Je remplirai la mission qui m'est dévolue. Comme je le fais depuis 20 ans maintenant.

Mais quand je lis le genre de texte dont vous êtes l'auteur, non, je n'ai plus la foi. Je suis écœuré.

Mais oui, lundi, j'irai bosser.

La réaction du Directeur Général de la Police Nationale, Jean-Marie Falcone