A propos des propos de François Bégaudeau

J'ai lu aujourd'hui l'interview de François Bégaudeau, écrivain et ancien professeur, dans Les Échos. Parce qu'il avait fait le tour de la toile, et non parce que je lis Les Échos tous les jours. Quand bien même l'exercice de style qui est de donner en trois phrases trois idées audacieuses serait jugé bien trop périlleux par ma petite personne pas tellement téméraire, j'arrive tout de même à comprendre en grimaçant qu'il s'agit là, avant tout, de "chercher à choquer" et ainsi d'être parfaitement... audacieux, thème de l'interview. Néanmoins, ces propos m'ont profondément agacée et résonnent encore, je vous les colle ici:

"une mesure très pragmatique, la suppression de l'école obligatoire, et son remplacement par un service d'éducation non obligatoire à partir de l'âge de huit ans. Jusqu'à cet âge, l'école a la vertu de soulager les femmes… Mais elle n'est pas une fabrique d'audace : elle est davantage faite pour discipliner que pour faire bouger les codes et créer des gens audacieux."

Traduction :

1- la maternelle, les CP, CE1 et CE2 sont une vaste garderie.

No comment. On espère pour lui qu'il s'est réellement rangé des voitures de l'éducation nationale parce que le mammouth risquerait bien de lui passer dessus par inadvertance, du genre "oups on t'avait pas vu avec ton audace, pardon, héhé, mais promis, on va te faire un bel enterrement."

2-Les femmes sans garderie seraient bien embarrassées.

A quoi on répondrait volontiers: quid des pères, cher professeur à la pensée audacieusement archaïque ?

Vous voulez mon avis? cet auteur n'a ni femme ni enfant, n'est donc pas père.

 

3- L'école rend bête et stérile à force de discipline.

C'est la seule idée normalement posée qui mérite sans doute d'être débattue, et ce n'est pas ici qu'elle le sera parce que je ne suis ni pédagogue ni spécialiste en éducation alternative. Cela dit, personnellement, j'ai toujours pensé que les enfants ne manquaient pas d'audace, et que l'école est aussi le lieu des audaces d'élèves et aussi des audaces de profs. Mais c'est parce que l'audace bien souvent fait prendre des risques inconsidérés à notre marmaille qu'il s'agit d'appliquer deux trois règles de disciplines, lesquelles ne sont pas un éteignoir à audace mais plutôt une protection pour les enfants.

J'ai lu des réactions très bien faites aux propos de François Bégaudeau: cliquez donc chez Ladies & Gentlemen de Marie Donzel, le blog d'à-côté, ou sur Slate, l'article de Louise Tourret, journaliste éducation. Ça défoule.