Aère-toi au centre

En rang par deux. Photographie Mélina Péteilh.

 

En rang par deux. Photographie Mélina Péteilh.

 

Les mercredis noirs

Je me suis souvenu l’autre jour de l’angoisse parentale qui me saisissait les jours de centre aéré. C’était avant la réforme scolaire, dans une commune de la petite ceinture parisienne, mon enfant était en maternelle. Ces mercredis matin-là, il fallait impérativement arriver à l’ouverture du centre de loisirs si l’on voulait que notre enfant puisse être inscrit à la « sortie du jour » quand il y en avait une. Et je n’y arrivais pas, ou presque jamais. Car cela supposait de se lever encore plus tôt que les autres jours de la semaine, de stresser l’enfant pour qu’il se dépêche, de marcher deux fois plus que d'ordinaire et d’arriver inlassablement après la clôture de la liste des inscrits à la sortie... C’était les mercredis noirs où je savais que ma fille ne verrait rien d’autre que les murs de la cour et le préau sonore du lieu. Et j’avais beau défendre ma cause auprès des responsables du centre, « voici deux mois, quatre mois, six mois, que ma fille ne participe à aucune sortie, trouvez-vous cela réellement juste ? », on me répondait inlassablement qu’on manquait de moyens et de personnel et qu’il en serait toujours ainsi, « premier arrivé, premier servi » était la règle. C’était injuste et bête, il y avait des scènes épouvantables, des foires d’empoigne parentales, on en venait à détester les lève-tôt, les enfants des autres, les animateurs, bref, c'était un désastre civique.

 

Les mercredis roses

Deux ans plus tard je déménageais dans Paris et je découvrais avec bonheur et soulagement un système tout autre, où l’on pouvait déposer son enfant jusqu’à 9h00 (et la demi-heure de rab le matin, trop de la balle!) sans que cela ne le pénalise dans les inscriptions aux sorties. J’apprenais aussi que le nombre de places pour les vacances scolaires n’était pas limité, que tout enfant serait toujours accueilli, que les effectifs d’animateurs augmentaient en fonction des effectifs d’enfants, et c’est alors que les mercredis et les vacances sont devenus de vrais temps de loisirs : des journées entières hors les murs, des spectacles, des visites et une môme aérée. Aérée de l’école, aérée par de nouvelles rencontres et par d'autres dynamiques de groupe. Ce fut pour moi aussi le début d’une ère nouvelle, celle de la dé-culpabilité (mono)parentale !

 

Tout a une fin, surtout les bonnes choses

Évidemment, ce temps idéal est passé, la classe le mercredi matin limite désormais le champ d’action des animateurs des centres de loisirs : terminé les sorties-journée et les ateliers complexes et élaborés sur sept ou huit heures de présence. Terminé aussi les nouvelles têtes, les « copains du mercredi », puisque la nouvelle réforme du temps scolaire, à Paris tout du moins, impose aux centres de loisirs d’être sur les mêmes sites que les écoles. Il se trouvait que l’école de ma fille n’avait jamais été habilitée à être un centre de loisir : trop vieille, trop petite. Or, d’un coup d’un seul, il a bien fallu qu’elle le soit, faute de moyens et d’encadrement pour trimballer notre marmaille (avant ou après la cantine) du site scolaire ou site extrascolaire. Les copains du mercredi sont ceux de tous les autres jours de l’année, idem pour la cour, les classes, l’espace tout autour.

Reste les vacances avec les mêmes formules qui marchent, les propositions de classes vertes par le centre de loisirs plus souvent qu’à l’école ?, c’est un fait établi. Et c’est bon sang de tant mieux pour nos gosses.

J’imagine d’autres villes et d’autres centres où les choses sont moins simples, et je voulais dire ici ma chance d’habiter Paris rien que pour ça, pour toute cette formidable machine parfaitement huilée qui soulage physiquement et mentalement la vie des parents.

Mais dites-moi comment ça se passe du côté de chez vous, aussi bien c’est le bonheur et on ne le sait pas !