Quels sont les avantages à être chroniqueuse chez Voici pour écrire sur les lesbiennes ?

Intellos, nuancées ou exigeantes, on focalise sur les inconvénients d’écrire pour des magazines people : papiers lourdauds des salles d’attente et des salons de coiffure, diminution des chances d’être récompensées du prix Albert Londres, accès difficile à la reconnaissance de son humour… mais on a tout faux. Du coup, je me suis mise à rêver.

Si j’étais chroniqueuse chez Voici, je pourrais écrire une accroche à la syntaxe approximative mais citer Paul Eluard à la fin de mon article (parce que « le dur désir de durer », c’est pas une phrase à la Marion Michau)

Si j’étais chroniqueuse chez Voici, je pourrais rivaliser avec les listes et les top ten de Topito : 10 raisons d'être lesbienne, 10 raisons d’aimer les pommes, 10 raisons de faire l’amour devant « Danse avec les stars ».

Si j’étais chroniqueuse chez Voici, je pourrais faire passer mes vessies trollesques pour des chroniques lumineuses.

Si j’étais chroniqueuse chez Voici, je pourrais mixer les plus gros clichés sur les lesbiennes (par exemple qu’avoir un clito et ses règles sont les meilleurs des GPS pour s'y retrouver dans les dédales de sa chérie) et dire que c'est "pour de rire".

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Si j’étais chroniqueuse chez Voici je pourrais écrire un article sexiste à faire passer Marion Maréchal Le Pen pour une activiste queer. (Les sautes d'humeur des femmes, les paquets de gâteaux, l'épilation, les produits de beauté, l'hystérie...)

Si j’étais chroniqueuse chez Voici, je pourrais me faire rembarrer par Christine and the Queens et Caroline Parlanti.

Si j’étais chroniqueuse chez Voici, je pourrais susciter l’indignation davantage que  la tribune (manifeste ?) scandaleuse d'un groupuscule de hauts fonctionnaires voyant dans les débats sur le Mariage pour tous et la PMA des raisons de s'endjihadiser.

Si j’étais chroniqueuse chez Voici, je pourrais être défendue par ma patronne qui rapprocherait ma liberté d’expression de celle des dessinateurs/trices et des journalistes troué-e-s de balles au début du mois de janvier dernier.

Si j’étais chroniqueuse chez Voici, je pourrais écrire pareil que certaines lesbiennes quand elles rigolent entre elles (ici ou ) mais me faire taper dessus quand même.

Si j'étais chroniqueuse chez Voici, je ne pourrais pas m'empêcher d'écrire que lorsqu'on est femme, quelle que soit notre orientation sexuelle, ce n'est pas le rebord de notre baignoire qu'il faut décoloniser mais notre être tout entier, bourré de  clichés sexistes intériorisés, clichés qui nous cantonnent à des territoires balisés, à nous faire passer l'envie de nous inventer pour voler de nos propres ailes/elles.