21 Sep

Bourg-Blanc : MéGo ! se lance dans le recyclage des mégots de cigarettes

Chaque minute, 8 millions de mégots de cigarettes seraient jetés au sol dans le monde. À Bourg-Blanc, près de Brest, une petite entreprise de collecte de déchets, Eco Action +, vient de créer MéGo !, une unité capable de dépolluer et recycler les mégots en plastique.

Si comme le dit le slogan, la cigarette nuit gravement à la santé, elle est aussi néfaste pour la planète. Le mégot contient en effet de très nombreuses molécules dont certaines comme la nicotine ont des effets directs sur la biodiversité. « Si vous mélangez quelques mégots de cigarette avec des vers, explique Bastien Lucas, fondateur de MéGo, dès 25% de mélange avec la terre, vous avez un taux de mortalité de 100%, ainsi qu’un taux d’évitement de 100%, c’est-à-dire qu’à aucun moment des vers iront vers un mélange terre-mégots de cigarettes. Pour la flore, c’est la même chose, le taux de progression des algues est moindre au contact avec le tabac ». Quand on sait que près de 70% des mégots sont jetés sur la voie publique, on imagine les dégâts.

Mégos dans la nature

C’est pour cette raison que la petite entreprise, Eco Action +, spécialisée dans la collecte de déchets de bureau, a décidé d’étendre son champ d’action, en créant il y a deux ans MéGo !, une unité exclusivement consacrée au traitement et au recyclage des mégots de cigarettes. « Notre objectif n’est pas seulement de collecter les mégots pour qu’ils n’aillent plus polluer l’eau ou la terre, mais bien de lui redonner une seconde vie, et nous y sommes arrivés ».

MéGo ! a en effet mis au point un procédé breveté pour dépolluer puis traiter les mégots qu’elle collecte pour les transformer en plastique utilisé pour fabriquer du mobilier urbain. « Actuellement nous travaillons sur deux contenants, un de chewing-gum et une poubelle extérieure. Les déchets nous servent à rendre les villes plus propres. »

cendrier

Encore faut-il réussir à collecter suffisamment de matière première pour faire tourner cette nouvelle ligne de production, convaincre les fumeurs de ne plus jeter leurs mégots au sol, mais bien dans des contenants dédiés.

Pour y arriver, MéGo ! s’est rapproché de grands groupes tels que Enedis, Talles, ou plus récemment Orange, mais aussi des entreprises locales comme Hénaff, B & B Hôtel, en tout une cinquantaine de points de collecte en Bretagne. « Nous leur vendons des cendriers pour collecter du mégot, c’est donc une prestation qu’on leur facture, mais en contrepartie ces entreprises y gagnent en propreté, elles jouent un rôle actif dans la lutte pour l’environnement. On leur offre même en remerciement des petits cadeaux tels que des pots de crayons, avec leur logo dessus, fabriqués uniquement à partir de mégots recyclés grâce à eux. « 

Pot-crayon-Mégots

À ce jour, près de deux tonnes de mégots ont été collectées, la capacité de traitement de cette nouvelle unité étant de 50 tonnes. « Pour qu’elle tourne, pour qu’elle ait un sens économique environnemental, il nous faudrait un minimum de 20 à 30 tonnes ». Pour atteindre cet objectif, Bastien Lucas espère convaincre plus d’entreprises, ainsi que les collectivités locales du bien-fondé de son action.

« Il y a des communes comme Castres ou Mazamet dans le sud-ouest de la France qui ont déjà intégré le mouvement, grâce à un réseau de concessions que nous avons mis en place. Aujourd’hui, nous pouvons compter sur des relais à Paris, Nantes ou Rennes, des acteurs économiques qui collectent des mégots de cigarettes au nom de MéGo ! et qui nous les rapatrient à Bourg-Blanc. C’est tout nouveau, on n’en est vraiment qu’au début, mais je suis confiant. Des mégots, il y en a partout ! ».