L’armée, ennemie numéro 1 des éoliennes

Les éoliennes : voilà un marché qui, en France, devrait avoir le vent en poupe. En effet, la loi impose qu’en 2030, l’éolien produise six fois plus d’électricité qu’aujourd’hui. Pourtant, la filière se heurte à un ennemi inattendu, qui lui met des bâtons dans les pales : l’armée. Pourquoi les éoliennes perturbent-elles les militaires ? L’Œil du 20h vous explique tout.

La commune la plus écologique de France, c’est peut-être Escource, dans les Landes. Ici, il y a des panneaux solaires partout : sur les réverbères, les salles de fête et même… les toilettes publiques. Mais Escource en veut plus. En 2011, la mairie envisage de construire un parc de 9 éoliennes. Il devait s’implanter à proximité de la commune et aurait fourni l’électricité à 15 000 habitants. Tout était prêt : les riverains étaient d’accord, les financements trouvés.

Mais au dernier moment, le vent tourne. Le ministère de la Défense met son veto. “L’armée utilise le ciel aux alentours pour ses entraînements à basse altitude, explique Kévin Zimmermann, qui a coordonné le projet. Or, pour capter du vent à Escource, il faut monter les éoliennes très haut. Et du coup on était obligé de les monter un tout petit peu trop haut par rapport au palier de sécurité de l’armée.”

Bref, les éoliennes prévues étaient trop hautes selon l’armée, et auraient pu gêner les hélicoptères pendant leurs entraînements.

Un projet de décret fatal aux éoliennes ?

Pas de chance pour les éoliennes : elles perturbent aussi les radars militaires ! Pendant quelques secondes, pour des raisons techniques, les avions disparaissent des écrans lorsqu’ils volent près des éoliennes.
Aujourd’hui, il est presque impossible d’implanter une éolienne à moins de 30 km d’un radar militaire, c’est la règle. Conséquence : plus de 50% du territoire est aujourd’hui inconstructible aux éoliennes.

Demain, un projet de décret que nous nous sommes procurés pourrait aggraver les choses pour la filière : l’armée voudrait étendre la zone d’interdiction de 30 à 70 km autour d’un radar. Une catastrophe pour les professionnels du secteur. « Il y a presque 90% du territoire qui serait couvert par les contraintes militaires, s’indigne Jean-Yves Grandidier, président de Valorem, un constructeur d’éoliennes. Au-delà de 2020, on ne pourra plus construire d’éoliennes terrestres en France. L’armée a le droit de vie ou de mort sur nos projets !”

Selon les syndicats de l’éolien, le ministère de la Défense a bloqué la création d’environ 3 500 éoliennes en quatre ans. La direction de la circulation aérienne militaire (Dircam) assure au contraire accorder beaucoup d’autorisations. Même si son directeur, le général Pierre Reutter, veut rappeler sa priorité : l’armée. « Nous avons un engagement en opérations extérieures qui est particulièrement fort, avec un engagement des équipages de chasse, de transport, d’hélicoptère, énorme, souligne-t-il. Il faut bien qu’on s’entraîne. Et il faut bien aussi assurer la surveillance, la protection du territoire. »

Conscient du problème, le gouvernement vient d’installer un groupe de travail pour trouver des solutions, comme construire des éoliennes… mais très loin, en pleine mer !
Ce qui coûterait beaucoup plus cher…

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé