Modem: dans la tourmente des assistants européens

Au parlement européen, un député est très richement doté… 24 000 euros par mois pour rémunérer ses assistants. Cette enveloppe aurait-elle été détournée de son usage ? C’est le soupçon qui pèse sur les attachés parlementaires des eurodéputés du MODEM.

DEUX ANCIENS ASSISTANTS PARLENT 

C’est un témoignage qui pourrait peser lourd dans l’affaire des assistants parlementaires payés par l’Europe mais qui auraient travaillé pour le parti. Elle s’appelle Quitterie de Villepin. Attachée à la délégation du parlement européen à Paris de 2005 à 2007, très proche de François Bayrou. Elle participe activement à sa campagne présidentielle de 2007.

Son salaire aurait d'abord été payé par le parti, puis par l’Europe. A cette époque, elle aurait pourtant travaillé majoritairement pour le parti: “oui des assistantes parlementaires payées par le parlement européen travaillaient pour le parti de l’UDF (ancien MODEM). Je le sais car j’ai été l’une d’entre elles payée d’abord à mi-temps puis à temps plein. J’étais trop heureuse de servir à 27 ans ce que je pensais être l’intérêt général. Je n’avais évidemment aucunement conscience que ça n’était pas dans les clous”

Il y a quelques jours, Matthieu, un ancien salarié du Modem, a envoyé une déclaration au Parquet de Paris. Il en a dit un peu plus sur ce système. Le voici sur des images de l’époque. En décembre 2010, il est recruté par le parti pour s’occuper du site internet. Le lendemain de son recrutement, on lui propose de signer un avenant à son contrat. Il est détaché à temps partiel auprès de l’eurodéputé Modem Jean-Luc Benhamias, qui prend en charge, en 2011, une partie de son salaire. Nous avons rencontré Matthieu. Il affirme que ce travail auprès du député était fictif: “je n’ai eu aucun brief avec lui, aucune réunion de cabinet, je l’ai juste croisé comme ça au siège. Je ne suis jamais allé à Marseille (la circonscription de Jean-Luc Benhamias), ni même à Bruxelles. Je suis incapable de justifier du moindre travail pour lui.”

Jean-Luc Benhamias estime lui que Matthieu a bien travaillé pour lui et pour l’Europe: "il s’occupait du site web. Il est assez facile de voir qu’il répercutait toutes les actions européennes que je faisais"

UN SYSTEME ? 

Ce système de contrats à temps partiel, payés pour une part par le parti, pour l’autre par le parlement européen, Corinne Lepage, ancienne eurodéputé Modem, l’a raconté dans un livre. Selon elle, le Modem aurait imposé par écrit à chaque eurodéputé de détacher un de ses assistants parlementaires pour le compte du parti: “je crois me souvenir que c’était au siège, un document que j’ai pas signé. Mes collègues de l’époque n’avaient pas forcément la même réticence, ils étaient plus dépendants du Modem que je l’étais moi même. Leur objectif c’était de pouvoir disposer au sein du Modem de personnel payé sur une enveloppe d’assistanat parlementaire”

Cumuler deux emplois à temps partiel, c’est légal. Exemple : l’eurodéputée Nathalie Griesbek avait une assistante parlementaire Sophie. Elle était aussi secrétaire et standardiste au Modem. A-t-elle vraiment travaillé pour l’Europe ?
A son sujet un ancien assistant parlementaire imagine les questions des magistrats: “quand on va leur demander à la standardiste du Modem : est-ce que vous avez travaillé pour l’Europe ? Si la seule ligne de défense c’est “parfois j’ai répondu à des coups de téléphone et c’était pour Bruxelles, entre nous c’est indéfendable.”

François Damerval était aux côtés de Corinne Lepage à Bruxelles. En charge de collaborer avec les assistants européens du Modem qui travaillaient aussi pour le parti. Son avis sur l’activité de certains est définitif.

Pour François Bayrou et Marielle de Sarnez il n’y a rien d’illégal dans cette affaire. Ce sera au parquet de Paris de se prononcer. Une enquête préliminaire pour abus de confiance a été ouverte la semaine dernière. C’est désormais au parquet de Paris de s’emparer du dossier. Une enquête préliminaire pour abus de confiance et recel de ce délit a été ouverte la semaine dernière.

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé