Gouvernance des grandes entreprises: où sont les femmes ?

 

C'est la loi Copé-Zimmerman qui le dit : depuis le 1er janvier 2017, il doit y avoir au moins 40% de femmes dans les conseils d'administration et de surveillance des grandes entreprises françaises ! La loi est-elle respectée ? L’œil du 20h a fait les comptes!

Ça nous a pris un peu de temps mais nous avons interrogé toutes les grandes entreprises françaises concernées par cette loi ! 118 exactement ! D’après nos calculs, 4 entreprises sur 10 ne sont pas encore en règle! BIC par exemple : 30% de femmes au conseil d’administration ! JCDecaux, le spécialiste du mobilier urbain : 25%. Carrefour : 23% seulement.

La loi a pourtant été votée en 2011 ! Alors pourquoi six ans après, le compte n’y est pas ? Pour Marc Sanglé-Ferrière, directeur général du cabinet Russell Reynolds France, chargé de recruter de futures administratrices, ce ne sont pourtant pas les profils qui manquent : "On n’a pas enregistré de difficultés particulières dans un secteur ou un autre. A chaque fois que nous avons cherché à recruter une administratrice avec un profil particulier nous l’avons trouvé”.

Alors où est le problème ? Chez Genfit, société biopharmaceutique, il y a 20% de femmes au Conseil de surveillance. Pour le patron, il faut du temps pour changer les mentalités: "Ce n’est pas facile dans ce milieu là, je ne dis pas que c’est impossible, mais ce n’est pas facile. Malheureusement je pense que l’industrie pharmaceutique est peut-être traditionnellement un peu machiste".

Pour d’autres, changer les têtes, ça se fait étape par étape. La société Innate Pharma, installée à Marseille, compte 2 femmes sur 7 membres dans son Conseil de surveillance. Son patron explique renouveler les membres à mesure que les mandats arrivent à échéance: "il est hors de question de proposer à un administrateur qui fait bien son travail de partir", dit-il.

Toutes ces entreprises ont jusqu’à leur prochaine assemblée générale pour se mettre en règle. Et toutes nous affirment qu’elles le feront.
Malgré ces retardataires, la loi a permis des avancées : en 2014, seules 8% des grandes entreprises françaises comptaient 40% de femmes dans leur conseil, elles sont plus d’une sur deux aujourd’hui, d'après le dernier rapport du Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise.

Comité exécutif: encore peu de femmes !

Problème : là où il n’y a pas de loi, il y a beaucoup moins de femmes. Par exemple dans les comités exécutifs, la direction des entreprises, on y trouve très souvent que des hommes!
Chez Capgemini par exemple, leader en informatique, l’entreprise affirme, sur son site internet, vouloir “promouvoir les femmes (...) et accroître leur visibilité à tous les niveaux de l’entreprise". Pourtant sur 22 membres, on ne trouve que 2 femmes au comité exécutif. Chez Lagardère, l’entreprise de média, on veille aussi à " la promotion de la place des femmes au sein de l'entreprise", mais il n'y a pas une femme au comité exécutif. La banque BNP Paribas : une seule femme pour 17 hommes. Mais promis, pour Barbara Levéel, la responsable en charge de la diversité, un jour ça va changer: "On aura une partie des membres du comité exécutif qui partira à la retraite. Alors nous ne privilégierons pas uniquement les femmes, car on ne fait pas de concession sur les compétences, mais on s'assurera qu'il y ait des candidatures féminines".

L’année dernière, d'après le cabinet Russell Reynolds, dans les comités exécutifs des grosses entreprises, il n’y avait que 13% de femmes!

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé