La fin des retraites chapeaux ? Pas vraiment !

Sur les feuilles de salaires des grands patrons, il y a une ligne en plus : la retraite chapeau. Une retraite complémentaire pour les grands dirigeants, à qui l’entreprise verse des milliers d’euros chaque mois quand ils quittent l’entreprise. Parfois ça fait un sacré chapeau !

Un code de bonne conduite : pas obligatoire !

Pour limiter les abus, le MEDEF a édité un code de bonne conduite. Sauf qu’il n’est pas obligatoire. Pas encore. Une directive européenne rend les retraites chapeaux illégales, les entreprises françaises ont jusqu’en 2018 pour s’y conformer. Le code du MEDEF a été créé en 2013, après la polémique de la retraite chapeau de Philippe Varin, l’ex-PDG de PSA. Il devait toucher 21 millions d’euros alors que le groupe était au plus mal.

Les retraites chapeaux compensées par des revenus supplémentaires

Alors, de grandes entreprises ont bien supprimé les retraites chapeaux, mais elles les ont compensé par des revenus supplémentaires ! Prenons l’industriel Schneider Electric / le chimiste Arkema et Pernod Ricard. Nous avons épluché leurs bilans annuels. Ils sont tellement complexes qu’on s’est adressé à un spécialiste : Charles Pinel.

Le PDG de Schneider Electric double son salaire

Pour Schneider Electric son PDG Jean-Pascal Tricoire, adieu la retraite chapeau. A la place, l’année dernière : Quatre millions trois cents mille euros de plus avec des actions gratuites. Et quatre cents quatorze mille quatre cents vingt euros, ajouté à son salaire. Au total, dix millions quatre cents quarante quatre mille six cent soixante deux euros. Presque deux fois sa rémunération de 2014 !

Chez Arkema : la retraite chapeau de Thierry Le Hénaff a été supprimée en mars. L’année prochaine, sa rémunération devrait atteindre deux millions quatre cents mille euros. Ce serait environ cinq cent-cinquante-cinq-mille euros en plus qu’en 2015 !

Quant à Alexandre Ricard, l’année prochaine il devrait gagner deux millions d’euros.10 % de plus qu’en 2015. Ces deux entreprises nous affirment que ces revenus supplémentaires financeront la retraite de leurs dirigeants et que ce système serait moins avantageux pour eux. Une avocate spécialiste des retraites nous affirme pourtant le contraire. Selon elle, mieux vaut toucher sa retraite chapeau maintenant, plutôt que de l’attendre pendant des années.

Alors, ces hausses de salaires, sont-elles conformes au code de bonne conduite ou pas ? Réponse du MEDEF : nous avons d’autres priorités ! En cette fin d’année le patronat est sans doute sur les chapeaux de roues.

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé