Les Gaulois sont-ils nos ancêtres comme l'affirme Nicolas Sarkozy ?


Hier soir en meeting, Nicolas Sarkozy nous a fait voyager plus de 2000 ans en arrière : "Dès que vous devenez français, vos ancêtres sont gaulois" a-t-il déclaré à Franconville (Val-d'Oise). Mais même dans son camp, la référence à nos ancêtres les Gaulois n'est pas du goût de tout le monde. "Ne nous caricaturons pas dans nos paroles", a renchérit Bruno Le Maire. "Quand on coupe les racines d un arbre, il meurt", a répondu Alain Juppé. "Faut-il un cours d'Histoire à Nicolas Sarkozy ?" fait mine de s'interroger la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem. Alors, les Gaulois sont-ils vraiment nos ancêtres ?

L'une des premières fois que l'on voit apparaître l'expression "nos ancêtres les Gaulois" est en 1887, dans un manuel scolaire : "Il y a dans le passé le plus lointain une poésie qu’il faut verser dans les jeunes âmes, pour y fortifier le sentiment patriotique. Faisons-leur aimer nos ancêtres gaulois" peut-on lire. L’idée se retrouve ensuite dans tous les manuels scolaires d'Ernest Lavisse.

Rassembler les Français autour d'une même histoire

Dans l'ouvrage "Histoire de France en 1913", on retrouve l'expression : "Autrefois, notre pays s’appelait la Gaule et ses habitants, les Gaulois." L’objectif à l’époque est de rassembler les Français autour d’une même histoire. C’est ce que nous explique Jean Garrigues, spécialiste de l’Histoire de France : "Cette expression nos ancêtres les Gaulois est typiquement accrochée à la période de la troisième république. On recherche l’identité collective à travers des exemples qui se mémorisent facilement pour l’ensemble de la population."

Mais l’Histoire, la vraie, que dit-elle ? Il y a 2 000 ans, notre pays est traversé successivement pendant plusieurs siècles par plusieurs peuples, les Romains, les Vandales, les Goths, les Ostrogoths, les Francs, les Vikings. Alors pourquoi s’est-on choisi les Gaulois comme ancêtres et pas les Francs dont sont issus les premiers rois de France ? Pour Laurence de Cock, agrégée d’Histoire, il s'agissait de fédérer les masses à une histoire populaire et non pas à celle d'aristocrates. Nos Gaulois et ceux de Nicolas Sarkozy ont déchaîné toute la journée les passions des politiques.

Par Toutatis, le ciel leur est peut-être tombé sur la tête.

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé