Le suspect...

QUESTION : Ayoub El-Khazzani, maîtrisé dans le Thalys avant d'avoir pu agir, est invariablement désigné par les journalistes comme « le suspect ». D'après la définition II (substantif) B du Trésor de la Langue Française un suspect est «celui que l'on présume être l'auteur d'un crime, d'un délit » et « présumer » signifie, selon le même ouvrage   « croire d'après certains indices, se faire une conviction sans preuves, considérer comme probable (…) d'après des indices, des apparences, sans pouvoir fournir de preuves certaines ».

Dans ce cas de flagrant délit, et vu de nombre de témoins qui auraient pu être des victimes, le terme de « suspect » est complètement impropre pour le moins. Pourquoi est-il repris systématiquement sans qu'on s'interroge sur la signification exacte de ce mot ? De la précision des mots dépend la précision des idées... et de l'information.  @Michel B.

 

REPONSE : Suspect est un terme générique (en droit) désignant  une personne soupçonnée d’avoir participé à la commission d’une infraction et qui n’est pas encore poursuivie.  En utilisant ce terme nous respectons la présomption d'innocence même si, dans ce cas, la culpabilité peut sembler flagrante. Tout au long du processus répressif, du stade policier jusqu'à ce qu'une décision juridictionnelle définitive soit rendue, le suspect bénéficie d'un ensemble de droits et de garanties, en particulier le « droit à l’innocence ». 
Il en va de même pour le qualificatif "présumé" qui s'applique tant qu'il n'y a pas eu condamnation. La philosophie des textes est la même dans tous les pays de droit :« tout accusé est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie ». Les journalistes se doivent de respecter et la lettre et l’esprit de ces textes.