Déserts médicaux : la farce des aides régionales

Jeune diplômée en médecine générale, venant de terminer l'internat, j'ai fait le choix de m'installer dans une zone déserte en médecin en secteur 1 (sans dépassement d'honoraire) en Ile-de-France. J'ai pris la suite d'un médecin partant à la retraite, j'étais la seule à m'installer dans la zone.

Je me rends à une réunion sur l'installation, puis, beaucoup de démarches administratives plus tard, je pose mes cartons dans un vieux cabinet défraîchi depuis 40 ans, mais à la patientèle sympathique.

Au bout de 6 mois, le temps de sortir un peu la tête de l'eau et après un démarrage chronophage, j'apprends l’existence d'une aide du Conseil Régional Francilien, destinée aux médecins s'installant sur une zone déserte. Le CRES praticien (Contrat Régional d'Exercice Sanitaire) est censé proposer une aide à l'investissement  pour " les travaux et équipements (...) à hauteur maximale de 50 % de la dépense".

Une vraie-fausse joie

Je réponds à tous les critères d'éligibilité : chouette ! Je m'imagine déjà pouvoir changer le système informatique des dossiers médicaux des patients, investir dans du matériel de gynécologie, rafraîchir un peu les locaux... 

Et bien NON, quand j'appelle la région, on me déclare que je ne fais pas partie des "professionnels de santé qui s’installent sur la zone", car je suis déjà installée depuis 6 mois !

Découverte : ce ne sont que des mesures d'affichage, sans aucune application pratique possible...

Cette aide est totalement inadaptée à la réalité pratique de l'installation des jeunes médecins. Elle ne convient qu'à des médecins prêts à investir quelques dizaines de milliers d'euros, AVANT MÊME d'avoir commencé leur activité, dans un cabinet où ils n'ont jamais exercé auparavant et dont il ne connaissent les patients qu'à travers quelques remplacements.

Les premiers pas de l'installation sont le plus souvent des contrats de collaboration où l'on reverse au médecin, déjà installé, un pourcentage de notre chiffre d'affaires pour payer les charges du cabinet. Faute d’un apport financier initial pour faire des investissements. Ces contrats offrent une plus grande sécurité financière et des facilités en cas de départ. Au début de l'installation, il faut faire la connaissance des patients avant de s'installer définitivement. Le rafraîchissement et la modernisation des cabinets n'a lieu que quelques mois plus tard, le temps de mettre quelques sous de côté et c’est alors que l’on sort des critères d'éligibilité de l'aide : il ne faut pas avoir déjà travaillé dans le cabinet.

Ce type de manœuvre politique me dégoûte, mais heureusement que j'adore mon métier et que mes patients me le rendent bien, merci à eux !

Publié par Souriez vous êtes soignés / Catégories : Non classé