Mariage pour tous : l'apocalypse selon l'UMP

(MAXPPP)

L'Assemblée nationale débat de la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe depuis une semaine. Une semaine d'échange arguments, idées et valeurs entre députés, une semaine aussi de guérilla parlementaire à coup d'amendements identiques et de suspensions de séance, une semaine de passe d'armes (parfois violentes) entre partisans et opposants au mariage pour tous... Et on a aussi pu entendre certains députés, en pointe dans la lutte contre le projet de loi, jouer les Cassandre. S'alarmant des conséquences supposées de l'application de la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, ils nous prédisent la destruction de la famille, la décadence pour notre société, des enfants clonés... L'apocalypse en somme. Exagération volontaire ou sincère conviction ?  Petit florilège.

La famille détruite, déstructurée, dénaturée

Philippe Goujon (UMP, Paris) : "En réalité, l’argument de l’égalité des droits cache bien mal une revendication purement idéologique de dénaturation du mariage et de la famille."

Philippe Cochet (UMP, Rhône) : "Mesdames et messieurs les députés qui soutenez ce texte, je vous demande, en votre âme et conscience, de mesurer le poids, les conséquences qui en découleront, non pas aujourd’hui, mais demain, après-demain et pendant les siècles à venir, car nous allons assister à la déstructuration d’un élément principal de notre société : l’institution de la famille. Votre gouvernement, c’est vrai, est un spécialiste de la démolition."

Nicolas Dhuicq (UMP, Aube) : "Notre position est de considérer que cet article, dans cette logique délétère (...) poursuit la destruction de l’entité familiale telle que nous la concevons, contrairement à la novlangue et aux néologismes que vous appréciez considérablement, mes chers collègues et camarades."

Jacques Lamblin (UMP, Meurthe-et-Moselle) : "On veut faire croire qu'on ne porte atteinte à rien, et en fin de compte on porte atteinte à tout. On porte atteinte à un fondement de la société : la famille"

Jean-Pierre Door (UMP, Loiret) : "C'est papa et maman qu'on assassine".

Éric Straumann (UMP, Haut-Rhin) : "Remplacer 'père' et 'mère' par 'parents', c’est remettre en cause le fondement du droit de la famille, laquelle constitue notre forme d’organisation sociale depuis des millénaires. Comme l’a souligné M. Le Fur, c’est un article-balai qui supprime des dispositions fondamentales de notre code civil et va saper les fondements de la famille."

 L'enfant-Playmobil, cloné et à la carte

Georges Fenech (UMP, Rhône) : "Votre projet de loi est tronqué dans son appellation : vous l’appelez 'mariage pour tous' alors qu’il devrait s’intituler 'mariage pour tous et enfants à la carte', ce qui nous inquiète énormément."

Hervé Mariton (UMP, Drôme) : "Mme la garde des sceaux nous a parfois raillés : on lui parlait de PMA, de GPA, pourquoi pas demain du clonage et du mouvement raëlien ?"

Jean-Frédéric Poisson (PCD-UMP, Yvelines) : "Nous voici arrivés à un moment où les progrès scientifiques rendent possible ce qui était encore inimaginable il y a quelques années. Bientôt, si ce n’est pas déjà le cas, nous pourrons créer artificiellement des enfants. De ce fait, ces êtres créés par des processus industriels ou artificiels pourront être disponibles à toute volonté ou à toute forme de désir."

Jacques Alain Bénisti (UMP, Val-de-Marne) : "On ne peut en effet réduire la femme à son ventre et nous ne nous résolvons pas à ce qu'un utérus soit loué, prêté ou négocié. Ensuite, une fois de plus, si l'on vous suit, l'enfant perdra son statut d'être humain pour être rabaissé à celui d'objet. Mes chers collègues, les droits de l'enfant sont ici encore bafoués : 80 % des pédopsychiatres et le dernier rapport de l'Inserm nous appellent à réfléchir sans hypocrisie sur les conséquences dramatiques que subiront toute leur vie ces enfants qui seront issus soit de la PMA soit de la GPA. Méditons ensemble, puisque c'est le jour du Seigneur, monsieur le président, sur les conséquences des décisions que nous allons prendre aujourd'hui. Nous ne souhaitons pas plus créer des 'femmes-objet' que des 'enfants-Playmobil' !

Régression et effondrement de la société

Éric Woerth (UMP, Oise) : "Incidence sur la filiation, incidence sur l’adoption, confusion sur le nom : nombre de questions restent sans réponse, sur un texte qui déstructurera une bonne partie des repères de notre société."

Nicolas Dhuicq (UMP, Aube) : "Tous les barrages sauteront, à commencer par celui de l’anonymat du don de sperme et d’ovocyte. Nous ne le verrons peut-être pas de notre vivant mais à terme, vous aurez créé deux humanités (…) J’ai peur de cet avenir. Lorsque l’on franchit les portes de l’éthique, que l’on n’est plus fasciné que par la seule technique, lorsque l’on se laisse dominer par la toute puissance des adultes qui ne supportent pas le manque, c’est un monde orwellien que l’on crée."

Nicolas Dhuicq (UMP, Aube) : "Vous acculturez les populations et détruisez l’histoire en permanence. Cette œuvre de destruction, vous la poursuivez (...) Madame la ministre, comme les quatre cinquièmes des enfants adoptés viennent de l’étranger, nous serons confrontés à une diminution du nombre d’enfants à adopter. Vous créerez à force d’inégalités une discrimination sur le genre. C’est une régression monstrueuse que vous apportez à la civilisation."

Jacques Bompard (non inscrit, Vaucluse) : "Vous créez une fiction afin que l’homme et la société correspondent, au moins dans le domaine des idées, à votre idéologie. Ce projet de loi fait bien de vous les héritiers de Saint-Just, comme vous le revendiquez, ainsi que de tous les totalitarismes qui renient les lois naturelles dont nous ne pouvons nous extraire sans drame écologique."

Marc Le Fur (UMP, Côtes-d'Armor) : "Un certain nombre de groupes, souvent inspirés par des théories d'extrême-gauche, voudraient collectiviser la fonction parentale. Cela est très inquiétant et rappelle de redoutables utopies, remontant notamment à l'époque maoïste."

Jacques Bompard (non inscrit, Vaucluse) : "Je le déplore, la famille n’a pas échappé à la volonté de destruction de toutes nos institutions, à l’œuvre depuis plusieurs années. L’effondrement programmé de pans entiers de notre société nous conduit donc à nous poser cette question qui était encore inimaginable il y a peu. Tout cela au nom de l’égalité : que n’a-t-on fait en son nom !"

Céleste Lett (UMP, Moselle) : "Permettez (...) qu'à propos de cet amendement je répète que ce projet de loi, non seulement irresponsable mais aussi funeste, organise – je reprendrai les mots du chauffeur de taxi qui m'emmenait hier à l'Assemblée – 'la décadence de notre société' au prétexte de mener une révolution sociétale et de faire respecter le principe d'égalité."