La "Manif pour tous" peut-elle faire plier Hollande sur le mariage ?

(THOMAS SAMSON / AFP)

François Hollande se retrouve face à la plus grosse contestation de son quinquennat. Depuis le mois de novembre la mobilisation contre le mariage pour tous ne faiblit pas, elle s'amplifie même avec la "Manif pour tous" qui s'annonce comme une démonstration de force. Les manifestants du dimanche 13 janvier, tout comme l'UMP et le FN, réclament le retrait du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe.

Le modèle à rééditer : 1984. Le ministre de l'Education nationale, Alain Savary, avait été chargé par François Mitterrand de créer "un grand service public, unifié et laïque de l'éducation nationale". L'enseignement privé, soutenus par les évêques se soulève. Et très vite, la droite amplifie la contestation. Le 24 juin 1984, entre 850 000 et 1,5 million de personnes ont défilé à Paris pour la défense de l'école libre. Face à l'ampleur exceptionnelle de la mobilisation, François Mitterrand retire son projet.

L'engagement 31 a marqué les esprits

Aujourd'hui, l'UMP est divisée sur l'attitude à adopter face au mariage pour tous. Mais Jean-François Copé a demandé le retrait du projet de loi, il a aussi appelé à participer à la "Manif pour tous". Pour le patron de l'UMP, c'est l'occasion de mobiliser contre François Hollande, au-delà de la question du mariage. Il veut montrer aux militants de l'UMP et aux sympathisants de droit qu'il incarne "opposition tonique". Autre atout de la mobilisation pour Jean-François Copé : elle réconcilie le camp Fillon avec le sien. Après de guerre fratricide pour la tête de l'UMP, Jean-François Copé, dont l'image s'est fortement dégradée dans les sondages, fédère son camp avec cette manifestation où fillonistes et copéistes défileront côte à côte.

Cette mobilisation peut-elle faire plier François Hollande ? L'ouverture du mariage et de l'adoption pour les couples homosexuels était une proposition phare du candidat Hollande. L'engagement 31 a marqué les esprits. Le mariage pour tous a aussi un avantage pour le chef de l'Etat : il réunit la gauche qui est apparue divisée sur d'autres questions. Le chef de l'Etat s'est montré ferme sur la question : "On ne fait pas une loi à partir du nombre de manifestants", a-t-il expliquait mardi 8 janvier à des journalistes, comme le rapporte Le Point.fr. Un message relayé par la ministre de la Justice, Christiane Taubira, vendredi 11 janvier : "Ce n'est pas une question arithmétique, c'est une question politique et éthique."