Mariage des homos : Franck Riester, député UMP, dénonce la vision "caricaturale" de son parti

AURELIE HERBEMONT / EUROPE 1 / TWITTER

Il n'y a pas que la présidence de l'UMP qui divise le parti. Il y aussi le projet d'ouverture du mariage aux couples homosexuels. Mercredi matin, lors du bureau politique du parti, Franck Riester, le député-maire de Coulommiers (Seine-et-Marne) a tapé du poing sur la table. Au cœur de la discorde : une affiche de l'UMP contre le mariage et l'adoption des homos. Une main bleue dans laquelle il est écrit "Touche pas à ma mère et à mon père". Un détournement de la célèbre main jaune "Touche pas à mon pote" popularisée par SOS Racisme dans les années 80.

Secrétaire national de l'UMP en charge de la communication, Franck Riester a fait son coming out il y a un. Il a déjà eu l'occasion de défendre le droit au mariage pour les couples de même sexe à l'Assemblée. Et il compte bien faire entendre sa voix lors du débat qui s'ouvrira en janvier au Parlement, malgré son isolement au sein de l'UMP. Comment vit-il cette situation délicate ? Je lui ai posé la question.

Pourquoi êtes-vous intervenu lors du bureau politique de l'UMP ?

Franck Riester : Pour défendre le mariage pour tous en bureau politique en insistant sur le fait qu'il fallait qu'on ait un débat sur le fond sur ce texte. Lors de la préparation du projet politique pour la présidentielle, on avait évacué le sujet en sachant très bien qu'il y avait des points de vue très différents dans notre famille politique. Actuellement, l'UMP se positionne clairement contre le projet de loi alors même que nous n'avons pas eu de débats en interne. C'est un peu délicat de réclamer un débat public au niveau national alors que nous ne l'avons pas eu au sein de notre famille politique. Sur ce débat interne de fond, Jean-François Copé est resté un peu évasif.

La radicalisation de ces derniers jours peut avoir des conséquences importantes. Visiblement, il y a une majorité des nôtres qui est opposée au texte, mais il y a aussi une grande minorité qui est, soit pas contre, soit favorable au mariage pour tous. Il est donc important que ces personnes ne se sentent ni blessées ni mal à l'aise. J'ai cité certaines déclarations récentes prétendant que ce texte est dangereux pour la société. Ou encore cette affiche qui ne me paraît pas grandir la politique ni notre famille politique. Jean-François Copé a dit que ce n'était pas une affiche définitive et qu'elle serait retravaillée. Si l'UMP est contre, cela ne me choque pas qu'il y ait une affiche pour le dire. A condition qu'elle ne soit pas caricaturale et blessante. On verra ce que sera l'affiche définitive.

Jean-François Copé a appelé les militants et les sympathisants de l'UMP à participer à la manifestation nationale le 13 janvier contre le projet gouvernemental. Cela ne vous dérange pas ?

Si un parti politique s'exprime et descend dans la rue pour défendre son point de vue, pourquoi pas ? Si la position de l'UMP sur cette question est modérée, s'il s'agit de défendre des convictions respectueuses des avis de chacun, et des personnes. Cela ne me choque pas. J'ai dit au bureau politique qu'il fallait faire attention aux éventuels dérapages qu'il pourrait y avoir dans cette manifestation. D'ailleurs, Jean-François Copé a dit qu'il serait très attentif à cela. Tant mieux.

En étant le seul député à défendre ce texte au sein de l'UMP, vous vous retrouvez dans une posture difficilement tenable...

C'est important de prendre la parole, de dire les choses. Cela délie les langues et cela incite des personnes plus hésitantes à défendre leurs convictions. Si vous saviez le nombre de personnes de ma famille politique qui sont venues me voir qui me félicitent et m'encouragent. Donc, certes, il y a une majorité de militants et de dirigeants à l'UMP qui est hostile au mariage pour tous. Mais, il y a aussi beaucoup, beaucoup de personnes favorables, celles-la, il faut aussi qu'elles soient entendues, et, je serai un de ceux qui s'exprimeront  sur ce sujet. Et au sein du groupe UMP, Christian Jacob a toujours été très clair : comme il s'agit d'un sujet de société, il y a une liberté de vote.