Rentrée littéraire : dix livres que j'emmènerai en vacances (pour les lire avant tout le monde)

Les romancières Nancy Huston, Maria Pourchet, Dominique Paravel, Véronique Olmi et bien sûr Amélie Nothomb publient un nouveau roman à la rentrée

Privilège de ceux qui se piquent de critiques littéraires : emmener sur la plage quelques romans de la rentrée. Et les dévorer avant leur sortie fin août, vierges de préjugés.

Même sans avoir reçu les 555 fictions de la cuvée 2013, le journaliste nage en plein dilemme. Lesquelles choisir ?  Quels ouvrages emmener qui peuvent conjuguer devoir (un peu) et plaisir (beaucoup) ? Liste de dix d'entre eux (2% à peine du flot attendu cet automne) qui prendront place dans ma valise, entre paréo et crème solaire :

1 Rome en un jour (Maria Pourchet)

Pourquoi ? Parce que le premier roman de Maria Pourchet, Avancer, dévoré l'an dernier sous les tamaris, était à pleurer de rire. Tout en saynètes drôlissimes, il mettait en scène une jeune femme précaire et cynique qui se laissait entretenir par un prof de sociologie pontifiant, en attendant le coup de pouce du destin. Cette fois, Rome en un jour conte une soirée d'anniversaire tournant au fiasco conjugal. Joli thème qui peut égayer sous le soleil. Dans le sac.

Première phrase : "Trente-cinq mètres, douze étages émergés et je dirais deux sous-sols, bien sûr que c'est quelque chose, rapporté aux proportions de Paris." (Gallimard)

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2 Danse noire (Nancy Huston)

Pourquoi ? Parce que Nancy Huston sait raconter en fractales les vies brisées dans les cassures de la grande histoire. Danse noire couvre le XXe siècle, de l'Irlande au Canada et du Brésil à New York, en suivant trois destinées. Et plonge dans "la tension insoluble entre le Vieux et le Nouveau monde". Tension vécue par l'auteure, franco-canadienne de Calgary (province de l'Alberta) établie depuis trois décennies de ce côté-ci de l'Atlantique, où elle a fondé une famille.

Première phrase : "T'en fais pas Milo, c'est moi qui me mettrai au clavier cette fois-ci, moi qui saisirai le truc." (Actes Sud)

3La Nuit en vérité (Véronique Olmi)

Pourquoi ? Poser la question, c'est n'avoir jamais lu Véronique Olmi. Suspendus au-dessus de gouffres sentimentaux, ses romans se parcourent d'une traite jusqu'à la chute ou la rédemption finale. Un peu sucrés, mais c'est si bon ... De quoi s'agit-il ici ? De "la relation forte et fragile entre une mère trop jeune et un fils au seuil de l'adolescence". Deux être seuls, et ensemble. Embarqué.

Première phrase : "L'appartement était trop grand." (Albin Michel)

4 Uniques (Dominique Paravel)

Pourquoi ? Pour ces quelques lignes en quatrième de couverture : l'auteur "met à nu les mécanismes sociaux : discours creux pour justifier les licenciements, robotisations des standardistes, inepties proférées sur l'art contemporain..." Dans la valise, cette satire sociale qui se déroule le "Jour de l'épiphanie, rue Pareille à Lyon". Un premier roman.

Première phrase : "Je ne devrais pas être là" (Serge Safran éditeur)

5 ll Babbo (Ivan Macaux)

Pourquoi : C'est l'histoire d'un père et d'un fils qui n'ont pas su se parler. Tous deux ramènent du Var à Paris une voiture hors d'âge. Noueront-ils enfin un dialogue ? Pas sûr, mais... Un premier roman et un des derniers coups de cœur de l'éditeur Jean-Marc Roberts.

Première phrase : "En vingt ans de vie commune, je n'ai jamais connu mon père." (Stock)

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6 Lucia Antonia, funambule (Daniel Morvan)

Pourquoi : pour la promesse de l'éditeur, Zulma. "Un roman de jumelles funambules", "touché par la grâce". L'histoire : "C'est depuis une presqu'île radieuse que Lucia Antonia consigne sur de petits carnets, par courts fragments frémissants, sa vie présente et passée."

Première phrase : 1. Choses à faire. Tendre un fil. (Zulma)

7 Journal d'un écrivain en pyjama (Dany Laferrière)

Pourquoi : à cause du titre. En pyjama, outil de travail du romancier, le Canadien natif de Port-au-Prince conseille les jeunes auteurs:  Parce que "l'une des plus cuisantes blessures de ce métier, c'est de découvrir qu'on n'est pas seul". Drôle, désinvolte et pertinent.

Première phrase : "A l'époque, j'habitais dans un meublé surchauffé à Montréal et je tentais d'écrire un roman afin de sortir du cycle infernal des petits boulots dans des manufactures en lointaine banlieue." (Grasset)

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8 Parabole du failli (Lyonel Trouillot)

Pourquoi : pour le thème. Un comédien haïtien se suicide, à l'étranger, en se jetant du douzième étage d'un immeuble. Dans son pays, un ami tente, "entre colère et amour", de comprendre son geste "au fil d'une virulente adresse au disparu". Adresse écrite avec la plume magique de Lyonel Trouillot, immense romancier haïtien.

Première phrase : "Pardon Pedro." (Actes Sud)

9 La Maison des chagrins (Victor Del Arbol)

Pourquoi : Comment se passer d'un polar de cinq cents pages en vacances ? Cette Maison des chagrins qui paraîtra en septembre est signée de l'espagnol Victor Del Arbol. Un nom qui vaut marque : son précédent et premier roman, La Tristesse du samouraï, avait reçu le prix Le Point du polar européen 2012, mérité pour ce thriller scotchant sur fond de séquelles de la guerre d'Espagne.

Première phrase : "Un paysage ne ment pas, mais le regard le déguise, ce qui le rend toujours différent, comme s'il devenait un reflet de notre état d'âme." (Actes sud)

10 La Nostalgie heureuse (Amélie Nothomb)

Pourquoi ? Parce qu'Amélie Nothomb sonne le gong de la rentrée littéraire, ponctuelle comme un métronome depuis plus de vingt ans. Parce qu'il y a toujours, même dans ses pires œuvres, un concept et dix formules à pâlir d'envie. Parce que celui-ci revient à sa meilleure source d'inspiration : le Japon où elle passa une partie de son enfance. Mais chut ! Silence jusqu'au 23 août pour éviter stupeur et tremblements de l'auteure courroucée par la violation de l'embargo.

Première phrase : "Tout ce que l'on aime devient une fiction." (Albin Michel)

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