18 Mai

Autisme et Epilepsie : le témoignage d’une maman !

Finalement, c’est presque bien l’autisme…

Je fais partie de ces « Supers mamans ». Ne vous méprenez pas, je n’ai rien de super (surtout quand on me croise le matin après 2 heures de sommeil agité, magnifiquement complétées par 6 heures d’angoisses nocturnes!).

Ce qui est « super » chez moi, c’est que j’ai une « super vie »! Une vie de maman d’enfant autiste qui doit toujours trouver des « supers solutions », à des « supers problèmes » que personnes – sauf s’il appartient à la catégorie des « supers »- ne peut imaginer… et tout ça, sans aucun SUPER POUVOIR!

Là, je sens une pointe de jalousie apparaître chez toutes les mamans « non super ». Je comprends, ça fait envie !

Donc, pour affronter ma « super vie », je dois inventer des « supers plans ». Les gouvernements successifs en sont verts de jalousie! Leurs plans autisme ne seront jamais aussi efficaces que les miens.

Les « supers plans » des « supers mamans d’enfants autistes » demandent une grande rigueur et une énorme maîtrise de soi. Nous pratiquons, quotidiennement, le plan « gestion de l’angoisse ». Il est incontournable pour tenter de maintenir un équilibre familial!

Les plans administratifs sont hebdomadaires . Pour nous éviter de sombrer dans un ennui qui pourrait nous être fatal, ces plans peuvent prendre différents formes. Le plan « dossier MDPH »- ou « comment prouver annuellement que ton fils est bien autiste et qu’il a besoin d’un tiers à l’école, ou à la maison », reste le plus connu! Et il y a toutes ces petites déclinaisons qui viennent égayer notre « super quotidien » : la gestion des transports, des différents intervenants, de l’école etc… Et tu peux, très facilement, te retrouver à monter un « super plan » du genre  » j’ai au bout du fil l’orthophoniste, l’éducateur, la psychomotricienne qui veulent tous changer leurs horaires d’intervention… mais je vais trouver LA SOLUTION ».

PARCE QUE JE SUIS UNE SUPER MAMAN!!!!! (nah!)

Les « plans démerdes », ça, c’est notre fort! Il partent tous d’un postulat merdique (c’est pour ça que je les appelle comme ça). Exemple : « J’ai pas d’accueil pour mon enfant et du coup, j’ai plus de travail parce que je m’occupe de lui » ou « J’ose plus sortir de chez moi parce que tout le monde me regarde de travers à cause des troubles du comportements de mon gamin » (et puis, comme j’ai plus de boulot, j’ai plus aucune vie sociale et comme j’en peux plus des troubles du comportements ben, je suis en dépression…). MAIS!!!!! La « super maman » cherche toujours une solution pour contre-carrer ces situations desespérées! Et ouai!!!!! (Je sens grandir cette petite jalousie Mesdames les « non-supers », attention!).

Mais là où nous sommes des « super-hyper maman », c’est lorsque nous montons, que dis-je, nous improvisons des « plans maîtrise de soi »! Quelle mère n’a pas eu à imaginer rapidement le plan :  » Je vais tout faire pour ne pas éclater la gueule de la CPE du collège de mon fils!!!! (ou celle de la boulangère, du chauffeur de bus ou…) ». Les occasions pour sortir de soi sont nombreuses, mais nous restons toujours zen,Vous aurez cependant remarqué que la grossièreté n’est pas proscrite, elle peut aider à éviter tout acte de violence.

Et oui, nous sommes des super-maman! Fières de n’avoir aucun « super-pouvoir » et de se sortir de tout un tas de situations que nous imposent la différence et une société qui ne comprend rien.

Je ris et je fanfaronne parce que j’ai appris à dompter ces situations. J’ai appris à vivre avec l’autisme et son lot de troubles du comportements. J’ai appris à m’extraire des réactions bêtes et agressives… et je sais bien que je ne suis pas une « super maman »! Mais ça me fait rire de le prendre ainsi.

Je ne sais pas si vous savez ce qu’est une comorbidité ? C’est comme un truc pourri qui viendrait s’ajouter à quelque chose qui n’est déjà pas joyeux…

Mon enfant est épileptique. C’est le petit plus qui est venu s’ajouter à son autisme. Il n’est pas le seul. L’épilepsie et l’autisme cohabitent souvent ensemble.

L’épilepsie m’a fait perdre mon statut de pseudo « super maman ». Pourquoi?

Parce que je n’ai plus d’humour quand je parle d’épilepsie…

Parce que souvent, j’ai peur…

Parce que, quand cette saleté de crise arrive, je ne respire plus. Le temps s’arrêtent.

Il devient interminable….

A cet instant, je les voudrais les supers-pouvoirs!!!

Je ne peux même pas monter un de mes fameux plans de secours…

C’est elle qui décide.

.A cet instant précis, celui de la crise, je veux que mon garçon soit seulement autiste.

Je veux que la pièce raisonne de ses écholalies…

Je veux des troubles du comportements…

Je veux qu’il emmerde le chauffeur de bus en répétant le nom de chacun des arrêts…

Je rêve de voir la tronche déconfite de CPE dès qu’il s’approche d’elle…

J’accepte de me plier en quatre pour faire tenir tous les RDV, de tous les intervenants ! Je veux bien faire toute la paperasse et plus encore!

Mais… Je ne peux qu’attendre… Moi la « maman toujours en action » réduite en esclavage le temps d’une crise.

J’ai appris a faire de l’autisme un compagnon de route, contre toute attente.

Il va me falloir encore trouver une grosse dose de courage pour vivre avec l’épilepsie.

Il paraît que rien n’est impossible pour une « super-maman »…. Je réfléchis déjà à mon prochain plan.  Sandrine Guérard.

                                                                       

Résumé de l’épilepsie tiré du site officiel d’Epilepsie France : L’épilepsie est le trouble neurologique le plus fréquent après la migraine. En France, il y aurait 400.000 à 500.000 personnes épileptiques. Chaque année, 4.000 enfants de moins de 10 ans deviennent épileptiques. Les neurologues sont les médecins qualifiés pour traiter l’épilepsie. Les neuro-pédiatres sont des pédiatres spécialisés pour soigner les maladies neurologiques des enfants. Grâce aux techniques d’exploration du cerveau et aux nouvelles thérapeutiques, le diagnostic et les soins aux personnes épileptiques ont été améliorés. Dans la plupart des cas, l’épilepsie peut être contrôlée par des médicaments. Environ 70% des cas d’épilepsie chez l’enfant n’entraînent pas de grandes difficultés.