Le champagne a-t-il un nouveau concurrent ?

Amanda Slater

Il m'est arrivé, à plusieurs reprises, d'aborder dans mes textes le sujet relatif à la hausse des températures, conséquence du réchauffement climatique. Ce dernier a une influence dans le domaine agricole et en particulier sur la vigne qui trouve des conditions favorables à sa culture dans des régions et pays septentrionaux où elle n'était pas cultivée autrefois.

C'est ainsi que le sud-est de l'Angleterre bénéficie aujourd'hui d'un climat similaire à celui de la Champagne d'il y a trente ans. On y constate régulièrement la création de nouvelles exploitations viticoles. On dénombre de nos jours plus de 500 vignobles qui ont produit 38.000 hectolitres de vins en 2016. En dix ans la croissance a été de 135% et l'Angleterre espère doubler la production d'ici 2020 par rapport à celle de 2015.

La maîtrise anglaise dans le domaine de la vigne et du vin commence à remporter des prix et surprend les spécialistes. En mai dernier, le domaine Winbirri Vineyards dans le Norfolk a obtenu le titre de meilleur vin blanc issu d'un seul cépage.

Les sols crayeux du Sussex et du Hampshire sont particulièrement favorables au Chardonnay, cépage important des vins blancs et vins effervescents.

Par ailleurs les vignes de Pinot Noir du Kent bénéficient également d'un climat proche de celui de la Champagne. Les vins effervescents produits en Angleterre se rapprochent de plus en plus de notre champagne. Il n'a pas encore la même saveur et sa production est faible, mais les perspectives de progression sont importantes.

Il est un domaine qui commence a être renommé pour ses vins effervescents. C'est un domaine situé au sud de Londres, dans le Surrey, à une heure et demi de route et c'est le plus grand domaine viticole d'Angleterre, dénommé Denbies.

Si le climat ne permet pas encore de rivaliser avec la Bourgogne et le Bordelais, c'est possible avec le champagne selon les dirigeants du domaine qui en plus ont pu mener cette année une production de Sauvignon, ce qui est une première au Royaume-Uni. Le climat en question, comme en Champagne, permet de conserver dans les vins une bonne acidité, essentielle pour un bon vin effervescent.

Un vin effervescent, mais comment l'appeler ?

Les dirigeants de Denbies réfléchissent à un nom a donner à leur vin. « Champagne » n'est pas possible car c'est une appellation protégée par le vignoble français. Alors ils pensent soit à « Britain » soit à « Morret ».

Britain pour faire penser au pays producteur.

Morret pour faire référence à Christopher Morret (ou Merret), médecin du 17ème siècle qui, en 1662, a fait part à la Royal Society de Londres de ses observations sur l'effervescence suite à l'addition de divers ingrédients et épices (cannelle, clou de girofle) et surtout du sucre et des mélasses à différents vins dont ceux arrivés de Champagne en fûts (voir mon texte « Il n'est champagne que de la Champagne »). C'était alors chose courante « afin de les rendre vifs et pétillants à boire, d'augmenter leur teneur en alcool et améliorer le goût ».

C'est ainsi que les vins de Champagne, refermentant, deviennent mousseux.