Aux origines de la viticulture

leo.jeje

On parle toujours du vin et de la viticulture de l'époque actuelle, alors, une fois n'est pas coutume, nous allons nous intéresser à leurs origines, d'autant plus que les progrès de la science en archéologie et paléontologie permettent de revenir de plus en plus loin dans le passé.

Les chasseurs, cueilleurs

Grâce aux fouilles on a retrouvé des feuilles dans des couches géologiques de l'ère tertiaire attestant la présence de vignes en Europe à cette époque. Il s'agissait de la lambrusque (Vitis Sylvestris), vigne sauvage dont le raisin était cueilli et consommé par les hommes du paléolithique, des nomades chasseurs et cueilleurs. On pense que le vin a précédé la viticulture car les consommateurs des fruits ont du constater que le jus du raisin fermentait et donnait un liquide aux vertus supérieures à celles de l'hydromel qui était vraisemblablement leur première boisson alcoolisée.

Par ailleurs on a retrouvé des pépins de raisins de vignes sauvages sur de nombreux sites du Moyen Orient datant de 11 000 ans avant notre ère. Il y avait donc consommation de vin à cette époque.

La sédentarisation

Dans le même temps les chasseurs, cueilleurs se sédentarisent et deviennent éleveurs et agriculteurs. C'est le début de la consommation du lait des animaux et de la fabrication des fromages. C'est également l'invention de la poterie en argile cuite qui permettra le stockage de la nourriture et des boissons fermentées. On a découvert des vestiges de poteries en Anatolie datant de plus de 9 000 ans avant notre ère.

Les premières domestications de la vigne (Vitis Vinifera) datent de plus de 6 000 ans avant notre ère dans les massifs montagneux du Proche Orient.

Des analyses effectuées sur des résidus conservés au fond de jarres , trouvées en Iran, indiquent la présence de vin résiné dans ces récipients. Ces jarres ont été trouvées lors de fouilles dans un édifice datant de 5 500 ans avant notre ère.

On a également retrouvé des pépins de vignes cultivées en Géorgie et dans le nord-est de la Turquie, découverte datée d'environ 6 000 ans avant notre ère.

Les origines

On situe les origines de la viticulture en Anatolie et dans le Caucase. On explique cette origine caucasienne par l'étymologie du mot grec « oinos » qui veut dire vin et qui donnera le mot latin « vinum ». Oinos vient d'une racine indo-européenne probablement formée dans les régions de l'Anatolie et du Caucase. Par ailleurs c'est sur le mont Ararat, dans le Caucase qu'on situe le récit biblique de Noé, considéré comme le premier vigneron et le premier consommateur à avoir apprécié le vin.

La migration

La viticulture va gagner tout le Proche Orient en Syrie et en Palestine vers 4 000 ans avant notre ère. On a découvert en Syrie des tablettes citant l'envoi de jarres de vin. D'autres mentionnant l'utilisation d'ingrédients utilisés pour aromatiser les vins comme le miel et l'huile de cyprès et de genévriers. Au nord d'Israël près de la frontière du Liban, on a découvert, lors de fouilles dans un palais, des tessons permettant de reconstituer une quarantaine de jarres d'argile cuite. L'analyse de ces tessons a révélé que ces jarres avaient contenu du vin résiné avec présence de miel et herbes aromatiques.

Les Égyptiens, dont la boisson principale était la bière, s'approvisionnaient également en vin. Des jarres de vin de Palestine ont été retrouvées dans des tombes égyptiennes. Il a été attesté qu'entre 3 100 et 2 700 avant notre ère l’Égypte a elle même produit du vin, surtout dans le delta du Nil en Basse Égypte.

La vigne va continuer sa migration en Grèce, puis en Italie.

L'apparition en France

Les premiers vestiges sont trouvés au sud de Montpellier et datés de 2 500 ans avant notre ère. Il s'agit d'amphores Étrusques, peuple venu d’Étrurie en Italie. Les résidus prélevés dans ces amphores ont été analysés et ont révélé un mélange de raisins, de résine de pin, de romarin et de thym. On peut donc supposer qu'elles contenaient du vin résiné comme on en produit encore aujourd'hui en Grèce.

On a également découvert les vestiges d'un pressoir de raisins, ce qui laisse supposer la production de vin sur place à partir de vignes importées d’Étrurie. Ce qui alimente aussi cette thèse c'est la découverte de sarments de vignes dans l'épave de nombreux bateaux retrouvés au fond de la mer dans la région de Hyères.

La culture de la vigne et la production de vin ont été apportés par les Étrusques mais aussi les Phocéens venus de Grèce et fondateurs de la ville de Massalia (aujourd'hui Marseille).

Pendant 6 à 8 000 ans on a donc mélangé le vin avec du miel, de la résine et des herbes aromatiques. On peut penser que cet apport d'épices était réalisé pour empêcher les vins de s'altérer en les protégeant contre l'oxydation. Mais une autre hypothèse a été émise : cette concoction de miel, de résine et d'herbes était préparée comme remède médicinal et pour que celui-ci soit mieux absorbé par l'organisme il était mélangé à du vin.

Sources :

  • Pour tout connaître des origines à nos jours je vous conseille le livre « Voyage au Pays du Vin » Histoire, Anthologie, Dictionnaire de Françoise Argod-Dutard (éditions Robert Laffont).
  • « Sur les épaules de Darwin » par Jean Claude Ameisen (chaque samedi, 11h sur France Inter)