Batho et Montebourg sont dans un bateau, c'est plutôt Batho qui tombe à l'eau

2214654Celles et ceux qui s'essaient à l'engagement politique, aux fonctions électives ou aux postes ministériels, le savent : les frontières entre loyauté, discipline et soumission sont parfois ténues.

Il peut suffire d'un mot qui déstabilise l'autorité pour que la sanction tombe, en quelques heures. Cet après-midi, Delphine Batho en a fait les frais : pour avoir critiqué un budget 2014 qui prévoit une diminution de 7% des crédits de son ministère, elle a été "convoquée" à l'Elysée et en est ressortie quelques heures après limogée. Hollande et Ayrault ont manifestement voulu faire un exemple : le gouvernement doit marcher droit et la discipline rester de mise.

Bon, ça, c'est pour Batho. Montebourg, lui, a droit de dire au chef du gouvernement qu'il "fait chier la terre entière avec son aéroport" (ce qui au passage, n'est pas complètement faux) et qu'il "gère la France comme le conseil municipal de Nantes" (ce qui est au minimum méprisant pour les électeurs nantais). Ca, ça ne justifie pas une démission forcée. Sans doute parce que c'est l'expression d'un tempérament fort, d'une personnalité affirmée, d'un charisme irrésistible et d'un franc-parler utile dans un univers où la langue de bois fait loi. Ou bien, est-ce du bon vieux "deux poids deux mesures" tout ce qu'il y a de plus cliché? Allez savoir.

En attendant, avec le remplacement de Delphine Batho par Philippe Martin, il y a une femme ministre en moins au gouvernement. Sans doute était-ce trop difficile de trouver une femme compétente sur les questions d'environnement, pour reprendre le poste.

Quant à Najat Vallaud-Belkacem, s'exprimera-t-elle sur le sujet, en tant que Ministre des Droits des Femmes? Peu probable, piégée qu'elle est par ses fonctions parallèles de porte-parole du gouvernement. Lui faudra-t-il encore en plus défendre publiquement la décision d'Hollande de virer une femme qui a eu le tort de dire, plutôt moins fort et plutôt plus élégamment que son collègue du redressement productif, que tout ce qu'annonce le chef n'appelle pas forcément un choeur d'amen?