Ukraine : appelons une guerre, une guerre

Un homme près de sa voiture détruite par un bombardement, dimanche 1er février 2015. (DOMINIQUE FAGET / AFP)

A quel moment une guerre devient une guerre, ou précisément à quel moment l'appelle-t-on comme telle ? On se rappelle les fameux "évènements" en Algérie, une formule qui jetait un voile "pudique" sur ce qui se passait de l'autre côté de la Méditerranée. Circulez y a rien à voir...Avec l'Ukraine, le contexte est bien sûr différent, mais il y a cette même prudence sémantique, cet emploi de la litote qui empêche d'appeler un chat, un chat et une guerre, une guerre. La peur inconsciente, qui sait, d'une nouvelle guerre du Kosovo qui fait que l'on a tendance à minimiser.

Et pourtant hier, il y a encore eu 30 morts (dont 15 civils) ; le 31, 15 soldats ukrainiens étaient tués et la semaine dernière, 27 civils de plus, lors du bombardement de Marioupol. Nous en sommes à 5000 victimes. Exigeant un cessez-le feu, une réunion de crise des 28 de l'Union Européenne s'est déroulée à Bruxelles ; elle est pour l'instant restée lettre morte. C'est le cas de le dire.

En 2014, la Française Jeanne Added chante A war is coming dans une formule basse-batterie offensive. Une guerre arrive, elle répète la phrase dans une sombre incantation, rendant encore plus inéluctable cette fatalité. Juste derrière, elle en rajoute même une couche avec We are stuck here ("Nous sommes bloqués"), un constat qui va comme un gant à la communauté internationale. La chanson, avouons-le, pourrait être malheureusement utilisée pour de nombreux endroits du globe et à de toutes les époques. Mais elle convient parfaitement à ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine. Oui, une guerre arrive, elle est même déjà là.