Occident / Islam : le choc des radicalismes

Des centaines de personnes se sont rassemblées devant la Grande mosquée de Paris pour rendre hommage à Hervé Gourdel, le 26 septembre 2014. (CITIZENSIDE / TOM OFFO / AFP)

Autant vous l'avouer, j'aimerais tellement vous mettre Imagine de John Lennon comme bande-son de l'actualité. Même pas pour la musique (on l'a pas entendue mille fois, celle-là !?) mais parce que cela serait le signe que l'on peut être un tant soit peu utopiste en 2014.

"Aucune cause pour laquelle tuer ou mourir,
Aucune religion non plus,
Imaginez tous les gens,
Vivant leurs vies dans la paix..." chantait Lennon en 1971

Un noeud Gordien

On en est loin, très loin...En l'occurrence, le radicalisme religieux et nationaliste n'a jamais poussé aussi fort. Avec comme point focal, un monde arabo-islamique sous la menace d'un chaos généralisé. Face à la situation en Libye, en Syrie ou en Irak, on se surprend même à regretter des dictateurs sanguinaires, les préférant par défaut (vraiment par défaut) à des fanatiques religieux, réussissant l'exploit de pousser encore plus loin l'horreur. Vous rajoutez là-dessus des intérêts économiques complexes, des jeux de pouvoirs entre Etats (Quid de la Chine, de la Russie, du Qatar...), d'autres concepts délicats (droit d'ingérence ou impérialisme occidental) et  vous avez là un sac d'embrouilles (je suis poli)  à coté duquel le noeud gordien était un long fil tranquille. Avec tout ça, tout espoir de démocratie est repoussé aux calendes grecques. Et quand on commence à débroussailler l'historique des mouvements islamistes, le pessimisme, quant à l'avenir, redouble de vigueur : Il y a donc Daesh anciennement d'Al-Qaïda en Irak, elle-même franchise locale d'Al-Qaïda "canal historique" (celui de Ben Laden). Tout comme Al-Qaïda Magreb Islamique, précédemment Groupe salafiste pour la prédication et le combat, lui-même dissident du Groupe Islamique Armé, né du Front Islamique du Salut...Tout cela nous renvoie aux années 80 et on pourrait continuer comme ça,en allant encore plus loin dans le temps. Egrener cette liste de groupes armés ultra violents (et pour cause, leur but est de soumettre une majorité de victimes à leur cause) est le pire remède contre l'espoir. : tel un virus performant, la bête n'en finit pas de muter...

Jeu de Miroir

Le pire, c'est qu'en Occident, comme par un jeu de miroir malsain, les extrémistes chrétiens (le Bloc Identitaire ou Civitas chez nous, les Tea Party aux USA) se nourrissent de ces violences intolérables et d'un amalgame facile, entre islam et islamisme, dans le but de faire fructifier leurs propres causes. Ils agitent l'épouvantail et ça marche : ils pourrissent notamment un débat européen déjà englué par la crise. En somme, radicaux religieux de tout bord, unissez-vous pour donner des coups de boutoirs à la République et imposer à la majorité votre pensée minoritaire et rétrograde. Mais chacun chez soi, évidemment, c'est une condition qui ne souffre d'aucune discussion.

C'est bel et bien là un vrai Choc des Radicalismes, plus encore qu'un Choc des Civilisations (suivant le concept né sous la plume controversée de Samuel Huntington).  Et au milieu de ces combats idéologiques d'un autre âge, pris dans un étau de violence (au Moyen-Orient) et de peur (en occident), il y a la grande majorité d'individus qui veulent juste vivre dans une paix, préservant démocratie et liberté individuelle.

Finalement, c'est peut-être Armageddon days are here (again) un titre satirique de The The, datant de 1989, qui traduit le mieux cette grande folie planétaire : le morceau renvoie dos à dos toutes les religions dans une danse infernale des prophètes sur fond d'intérêts économiques et de guerre. This is war ! et ce n'est pas près de s'arrêter.