Le profil des enseignants est en train de changer

(Crédit AFP)

Il y a quelques jours la MGEN publiait une enquête menée auprès de 1409 enseignants destinée à mieux percevoir le profil des plus jeunes d’entre eux (23% ont de 35 ans, 8% de 30). En attendant une étude plus circonstanciée (celle-ci ne distingue pas primaire et secondaire, par exemple) on peut déjà mettre en exergue quelques données et, si la tendance se confirme, la population enseignante va très sensiblement évoluer dans les années à venir.

Plus féminin, moins prof / prof

La population enseignante, connue pour être majoritairement féminine, l’est de plus en plus : alors que chez les plus de 35 ans, les femmes représentent 63% des profs, elles sont 82% chez les moins de 35 ans. Dans le métier, 28% des femmes ont moins de 35 ans, contre 13% de leurs collègues masculins. A contrario, ces derniers ont plus de 45 ans à 57%, seulement 38% chez les femmes. Petit à petit, de « vieux » profs hommes sont remplacés par de jeunes enseignantes.

« Contrairement à leurs ainés qui majoritairement sont issus de familles d’enseignants et font leur vie avec d’autres enseignants ou des agents de la fonction publique, aujourd’hui 58% des jeunes enseignants ont des conjoints qui travaillent dans le secteur privé », dit l’étude, alors que les plus de 35 ans sont 37% seulement à avoir un conjoint travaillant dans le privé. Par ailleurs, 28% des plus de 35 ans ont un conjoint prof, quand seulement 15% des moins de 35 ans sont dans ce cas. Enfin, alors que 46% des plus de 35 ans ont un conjoint travaillant dans la fonction publique, seulement 25% des jeunes enseignants sont dans ce cas.

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On aurait tort de sous-estimer de telles données : les enseignants, parfois accusés de vivre en vase-clos, sont de plus en plus en contact avec d’autres milieux, d’autres cultures et d’autres réalités professionnelles.

Au passage, et cela confirmera les multiples témoignages reçus dans ce sens (voir le précédent billet) on notera que sur les 1409 enseignants ayant répondu à l’enquête, 549 ont fait un autre métier avant, soit 4 profs sur 10, ce qui n’est pas anodin... Il est d’ailleurs intéressant de constater que, quel que soit le parcours professionnel, les raisons qui ont amené à devenir enseignant sont les mêmes : passion pour l’enseignement, travail avec les enfants, métier utile à la société, emploi stable (cependant l’enquête ne distingue pas ici les moins et plus de 35 ans, c’est dommage).

Des jeunes moins portés sur l’entraide et plus connectés

Quand on demande aux enseignants de choisir cinq mots « qui me tiennent à cœur », s’agissant de leur métier, les moins de 35 et les plus de 35 se retrouvent sur quatre d’entre eux : confiance, liberté, égalité, solidarité. Des mots un peu fourre-tout certes, dont on sent bien que les uns concernent plus les élèves, les autres davantage les conditions d’exercice du métier. Il est intéressant de noter qu’un seul mot diffère dans chaque liste : « Responsabilité » arrive en 3ème position chez les moins de 35 ans, mais est absent chez les plus de 35 ans, qui mettent « entraide » en 5ème position, mot absent chez les moins de 35 ans.

Faut-il donner du sens à cela ? Qu’en déduire ? Que le sentiment de responsabilité est plus fort chez les jeunes ? Qu’ils sont moins portés sur l’entraide, ont une conception plus individualiste de leur profession ? C’est possible, si on ose un recoupement avec une autre donnée : les profs de moins de 40 ans sont seulement 32% à être engagés dans l’associatif, contre 47% des plus de 40 ans (on aimerait pouvoir comparer avec le reste de la population). S’ils mettent, comme leurs aînés, l’utilité sociale de leur métier sur le podium des raisons qui les ont poussés à devenir enseignants, les moins de 35 ans semblent concentrer leur engagement sur leur pratique personnelle (ce qui peut expliquer que le sentiment de « responsabilité » soit si haut placé chez eux).

Image4Sans surprise, les jeunes enseignants vivent à l’heure de l’Internet et des réseaux sociaux : 62% ne pourraient plus se passer d'un accès à l’Internet mobile (contre 39% des salariés français), 76% sont inscrits sur Facebook et 85% s’y connectent quotidiennement (contre 55% chez les plus de 35 ans). Reste à savoir si, au-delà d’un rapport au monde différent de leurs aînés, cette connexion se traduit concrètement dans leur pratique professionnelle.

 

Les profs donnent du sens à leur métier et sont ouverts au monde

L’enquête montre aussi que les profs donnent davantage de sens à leur vie et à leur métier que l’ensemble des salariés français. Ils ne sont que 23% à déclarer que leur vie « manque de sens », contre 32% pour le reste des travailleurs. Les profs travaillent pour :

- s’épanouir et développer sa personnalité (47%, contre 28% pour l’ensemble des français)

- gagner sa vie et subsister (28% contre 37%)

- améliorer son niveau de vie et sa position sociale (24% contre 35%)

Enfin, 82% des enseignants pensent que les Français ont beaucoup à apprendre des autres pays, des autres cultures et modes de vie (contre 71% de la population française). Il est intéressant de constater que l’évolution est exactement inverse de celle de l’ensemble des français : en 2010, c’était 79% chez les profs, 74% pour l’ensemble des français. De même, les enseignants se montrent davantage concernés par les thématiques liées développement durable avec un taux d’implication qui avoisine les 74% (62% des français).

"Les français ont beaucoup à apprendre des autres pays, des autres cultures et modes de vie"

"Les français ont beaucoup à apprendre des autres pays, des autres cultures et modes de vie"

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