« Ce sont vos élèves ? »


Nous revenions du musée. J’y avais, en guise de prolongement du travail fait en classe sur la fin du néolithique, préparé une petite visite d’une heure consacrée au fonds muséal de la ville sur les premiers habitants de la région. Une seule salle à parcourir, mais des milliers d’objets, vestiges vieux de 2500 ans, à voir, et des dizaines de remarques, explications et anecdotes à donner. Une bonne visite. Quelques élèves trouvent toujours qu’une heure, ça fait long (enfin, une heure de musée, pas une heure de DS), mais je les avais globalement trouvés attentifs, intéressés.

Dans le métro, de retour vers l’école, l’atmosphère est détendue, les 12 stations filent tranquillement. Les uns, le front collé à la vitre et l’œil captif, comptent je ne sais quoi. D’autres jouent, à tel jeu sur les tickets de métro, ou au dernier jeu de main-réflexe en vogue dans la cour de récré. D’autres encore chantonnent les dernières chansons apprises en classe de musique. Certains enfin parlent, simplement, partagent, complices.

Je n’ai presque pas à dégainer mon froncement de sourcil réprobateur, à décocher mon regard plissé  que tous connaissent et qui peut annoncer des moments légèrement moins détendus.

Je m’aperçois que je ne suis pas le seul à laisser mon regard flâner sur les têtes de mes élèves. Une vieille dame fait la même chose, un vague sourire aux lèvres. Les usagers du métro contents de voir débarquer dans leur rame une classe entière de braillards supposés ne sont pas très nombreux, aussi je me méfie lorsque la vieille dépose son regard sur moi, et m’adresse la parole.

« Ils sont à vous ? Je veux dire, ce sont vos élèves ?

- Heu, oui ».

Elle me sourit largement.

« Alors félicitations, monsieur ! Ils ont l’air heureux, vos élèves ! ».

Elle est descendue à la station suivante, en me saluant.

Ce n’était pas grand-chose, mais c’était visiblement sincère, et ça a ensoleillé la fin de ma journée.

 

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