Rate ton bac d'abord !

Peut-être faut-il réformer le bac après tout, je ne sais pas, je ne suis pas un spécialiste : je travaille en primaire. Et s’il faut le réformer, alors comment ? Comme l'a proposé Chatel, lundi ? Franchement, certaines choses dans l’annonce du ministre (bien joué Luc, pendant ce temps-là, on ne parle pas du bilan !) me laissent comme une âcreté dans le gosier…

 

Des économies, toujours des économies

La réforme proposée permettrait de faire de substantielles économies pour un examen qui coûte de plus en plus cher. En diminuant le nombre de filières, le nombre d’options, la paperasse et surtout le nombre de correcteurs, on économiserait 100 millions chaque année. « Ce n’est pas le sujet », répond le ministre. Pourquoi alors l’Inspection Générale des Finances a-t-elle participé au rapport ?... Mon ire : mais quand donc pensera-t-on l’éducation autrement qu’en termes d’économies, fichtre ?!

 

Moins d’équité, moins de qualifiés

La grande affaire de la réforme proposée, c’est le glissement vers le contrôle continu nominatif. Or les études montrent que l’anonymat de l’examen actuel profite aux garçons et aux élèves provenant des quartiers populaires, qui seraient donc les premières victimes de la réforme.

Et puis, que va faire un élève qui n’aurait pas le bac ? Retaper sa terminale ? Imaginez les effectifs, avec 10 % d’élèves en plus… Se réorienter ? Vers quoi ?... Il n’aura pas accès à une formation, pas accès à un BTS, pas accès à la fac. Il se retrouvera sur le marché du travail, non qualifié, « niveau bac » à mentionner aux entretiens d’embauche. On verra ainsi débarquer des cohortes de jeunes non diplômés, de la main d’œuvre non qualifiée dont ne veulent même plus les entreprises. Mon pronostic : hausse du chômage.

 

L’excellence VS la démocratisation

Qu’est-il donc arrivé à notre pays pour qu’on passe d’un discours volontariste désireux de permettre au plus grand nombre d’accéder au plus haut niveau de qualification possible, à un discours soucieux de réduire le nombre d’élèves ayant accès aux études supérieures ?...

Il y a bien quelque part, nichée dans ce retournement, l’idée qu’il ne faut pas que tous réussissent car cela dévalorise ceux qui le méritent vraiment. D’où l’idée d’un bac de l’excellence qui permettra de faire ressortir une élite. Voilà qui est bien en phase avec le discours général du candidat Sarkozy sur l’éducation : il faut privilégier l’excellence de quelques-uns et non la réussite du plus grand nombre. Mon envolée : ah il a bon dos « l’égalitarisme de gauche » !

 

Hausser le niveau du bac, pas celui des élèves

« L’amélioration continue de la réussite à l'examen, dans un contexte d'élargissement de l'accès au baccalauréat, suscite des doutes sur sa qualité certificative ». La hausse du nombre de bacheliers dévalorise le bac, nous dit le rapport sur lequel s'appuie Chatel. Sous-entendu, beaucoup d’élèves n’ont pas le niveau du bac. Que préconise donc le rapport ?... Il fait des propositions pour hausser le niveau des élèves, pensez-vous logiquement !... Et bien non ! Comme les élèves n’ont pas le niveau du bac, montons le niveau du bac, pas celui des élèves ! Ma conclusion : le sophisme érigé en mode de gouvernance…

 

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