Les enseignants mettent la pression sur Hollande

Le sondage IPSOS sur les intentions de vote des enseignants (800 000 électeurs généralement mobilisés) publié par Le Monde daté du 23 février vient en grande partie confirmer ce qu’on sent depuis quelques semaines, sur le terrain, dans les discussions, dans les salles des maîtres et des profs, sur les sites web dédiés, dans les commentaires et sur les forums.

1. Ceux qui ont voté pour Sarkozy en 2007 (18% des votes des enseignants) ont été déçus et se détournent du Président, qui n’est plus crédité que de 12,5% d’intentions de votes. Le rejet est tel qu’en cas de 2ème tour contre Hollande, ce dernier hérite du score faramineux de 79% des votes putatifs.

2. Hollande, avec 46% d'intentions de vote au 1er tour, a récupéré la majeure partie du vote enseignant, qui avait délaissé le candidat socialiste en 2002 (16% seulement pour Jospin) et en 2007 (31,5% pour Royal).

3. Deux scores me surprennent, ceux de Mélenchon et de Bayrou : je les voyais plus haut chez les enseignants. Le premier séduit une frange rouge, militante, plutôt syndiquée, et ses 10% me paraissent peu. Le second séduit une population, non négligeable (à mon avis surtout dans le secondaire), républicaine et élitiste, conchiant Hollande et ses « pédagogistes » et ne supportant plus Sarkozy. 19% d’intentions de vote, ça me paraît peu également (24% de votes en 2007).

Quant au vote FN, 5% de racistes chez les profs, c’est déjà beaucoup.

 

Ainsi le candidat Hollande se trouve à la tête du pactole enseignant…

Mais… gare ! Ce vote pourrait bien se retourner contre lui à un moment ou un autre. D’abord parce qu’il ne s’agit pas totalement d’un vote d’adhésion, mais, en quelques sortes, du « moins mauvais vote ». Son programme éducatif, dévoilé pour l’instant sous la forme d’ « engagements » et non de propositions, comporte trop de zones floues. Ensuite, plusieurs sujets importants développés par Hollande ne suscitent pas l’enthousiasme des enseignants, à commencer par la création des 60 000 postes, qui laisse beaucoup de profs sceptiques, et l’absence d’annonce sur les salaires, qui en contrarie de nombreux, même (surtout ?) en temps de crise. La question des rythmes scolaires, et plus encore du statut des profs, en embuscade dans le programme du candidat socialiste, pourraient très vite sonner le glas des fiançailles entre les enseignants et Hollande, qui aurait alors à affronter une population d’autant remontée qu’elle lui aurait accordé son vote…

 

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