Affaire Agnès Marin: la famille exige la radiation de l'expert psychologue.

C'est le nouveau combat des parents et grands-parents meurtris par le viol et l'assassinat de la jeune Agnès à proximité du collège au Chambon sur Lignon (Haute Loire).

Le 28 juin dernier, Mathieu, 19 ans, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises au Puy-en-Velay. Mineur au moment des faits, l'accusé a fait appel et sera rejugé courant 2014 par d'autres jurés populaires, probablement à Riom.

Avant cette nouvelle échéance judiciare, avant cette nouvelle épreuve que constitue un nouveau procès, à quelques jours du deuxième anniversaire de la disparition tragique de l'adolescente de 13 ans, ses proches cible un autre responsable.

Un expert psychiatre. Le Docteur Aiguevives avait été désigné par la juge d'instruction chargée de la première affaire reprochée au jeune Mathieu. En 2010, ce dernier a commis un viol sur une première jeune fille. Dans son rapport, l'expert biterrois a, entre autres, écrit: "nous considérons que cette personne n'est pas dangereuse". Une phrase que les parents d'Agnès n'ont jamais digéré. A chaque fois que je me suis entretenu avec Solange et Armel Marin, les grands parents, leur révolte s'est manifesté d'abord à l'encontre de l'accusé et ensuite de ce praticien.

La suite, on la connait. Mathieu a été remis en liberté au bout de 4 mois de détention provisoire, ses parents ont obtenu son inscription au collège cévenol en occultant le premier viol. Le 16 novembre 2011, le corps d'Agnès est retrouvé en partie calciné. Criblé de plusieurs coups de poignard.

Cette semaine, Frédéric Marin, le père d'Agnès et M° Francis Szpiner, leur avocat, adressent une lettre au procureur général de Montpellier. Ils demandent au haut magistrat de déclencher une procédure de radiation de l'expert. Le Docteur Aiguevives figure sur la liste de la cour d'appel de Montpellier.

Dans le cas présent, il s'agit d'attaquer une erreur de diagnostic. Lors du procès en juin dernier, alors que le Docteur Aiguevives comparaissait à la barre des témoins, l'avocate générale l'avait écorné. "Je reproche à l'expert d'avoir émis un avis lapidaire et trompeur dans sa formulation. La dangerosité de Mathieu n'a pas été clairement perçue et signalée".

Récemment, le psychologue est sorti de son silence médiatique. "Ce n'est pas moi qui ai libéré ce garçon, ou qui n'est pas assuré son suivi ensuite. Mais la dangerosité n'est pas toujours lié à la folie, et à ma connaissance, ce garçon au moment de son procès n'avait pas fait un seul jour d'hôpital psychiatrique. On ne fait pas une médecine qui est gagnante à tous les coups".

Obtenir la radiation d'un médecin, d'un spécialiste est un événement exceptionnel.En 1996, la cour de cassation a rayé de sa liste le docteur Michèle Rudler, ex-directrice du laboratoire de police scientifique de Paris. Elle avait fait effectuer des expertises qui lui étaient confiées par un laboratoire privé de Strasbourg. En 2006, le garde des Sceaux Pascal Clément a demandé la radiation de Jean-Luc Viaux, expert psychologue dans le dossier Outreau. Il lui était reproché une phrase désormais célèbre: "Quand on paie les expertises au tarif d'une femme de ménage, on a des expertises de femme de ménage". La cour d'appel de Rouen a rejeté la demande de la Chancellerie.

La réponse du parquet général de Montpellier devrait intervenir dans les semaines qui viennent.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Actu