Affaire Grégory: le face à face sans fin des familles Villemin/Laroche

Les avocats des époux Villemin et des proches de Bernard Laroche ont repris ce matin le chemin du palais de justice de Dijon. Depuis le procès de Jean-Marie Villemin en décembre 93, on ne compte plus le nombre de fois où la justice a eu à se pencher à nouveau sur cette procédure qui perdure depuis le 16 octobre 1984.

L'audience de ce matin ne portait pas sur le fond mais sur la demande de Murielle Bolle de se constituer partie civile.

Dans le dossier concernant la mort du petit Grégory, les parents de ce dernier sont parties civiles. Et cela depuis la première heure. Les proches de Bernard Laroche occupaient la même place lors du procès de Jean-Marie. En octobre 2009, Marie-Ange Laroche, veuve de Bernard, avait fait une démarche avec son avocat M° Gérard Welzer, pour avoir accès au dossier "Grégory". La chambre de l'instruction de Dijon, chargée des investigations sur cette affaire depuis qu'Epinal ait été dessaisie, avait refusé cette constitution. Ce qui avait été validée en janvier dernier par la cour de cassation. D'autres membres de la famille Laroche ont ensuite tenté leur chance. Avec le même résultat. Muriel, la cousine de Bernard, dont on se souvient qu'elle est un élément clé du dossier, que son témoignage aux gendarmes puis au juge Jean-Michel Lambert a pesé lourd dans la mise en cause de celui qui a été assassiné par le père du petit Grégory, fait à son tour une tentative pour être partie prenante aux dossiers.

Rencontrée lundi à Paris, Marie-Christine Chastant-Morand, une des avocats des époux Villemin, considère qu'aucun des membres de la famille Laroche n'est légitime à demander à être parties civiles dans cette affaire. Les parents de jeune garçon étant les seules victimes de ce volet de l'affaire. "Je ne vois pas comment ce qui a été refusé à Marie-Ange, à Michel, et à d'autres, serait accordé à Muriel" nous confiait l'avocate. Elle a été rejointe ce matin par Jean-Michel Beney, le procureur général de la cour d'appel de Dijon, qui considère cette demande irrecevable.

Muriel Bolle demande à avoir accès au dossier. Juridiquement, elle n'est que témoin dans cette affaire.

Muriel Bolle demande à être rééentendue. Elle peut l'être sans la qualité de partie civile.

La chambre de l'instruction de Dijon rendra son arrêt le jeudi 15 décembre.

Reste le dossier proprement dit. Il n'est pas clos. Relancée une première fois en 2000, l'enquête l'a été une nouvelle fois en 2008. En octobre 2010, les magistrats ont répondu favorablement à la demande des époux Villemin. Partant des progrès de la science, ils sollicitaient six nouvelles analyses. Trois d'entre elles se sont déjà soldées par un échec. Christine et Jean-Marie Villemin attendent désormais le retour des dernières investigations. Elles portent sur un cheveu retrouvé sur le pantalon du petit Grégory, sur les voies du corbeau et d'éventuelles traces d'ADN dans le coeur des cordelettes qui liaient l'enfant. "Les parents de Grégory attendent énormement de ces analyses. Ils croient toujours beaucoup obtenir de la justice et de la science la vérité sur la mort de leur enfant" me disait M° Chastant-Morand il y a deux jours.

Christine et Jean-Marie Villemin vivent dans la région parisienne. Ils y aspirent à se faire oublier de la presse et de l'opinion publique. Seul compte, l'isssue de cette procédure. Ils iront jusqu'au bout. Pour savoir. Afin que leur trois enfants sachent la vérité sur un frère qu'ils n'ont pas connu. Grégory aurait aujourd'hui 31 ans.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique