A son procès, Chirac choisira-t-il la politique de la chaise vide?

Le procès de Jacques Chirac change de rubrique. Les semaines passant, la date du procès se rapprochant, ce dossier quitte subrepticement la chronique judiciaire pour la rubrique médicale.

Le fond du dossier est désormais passé au second plan. Lors du faux départ de mars dernier, l’état de santé de l’ancien chef de l’Etat avait déjà focalisé l’attention.

A moins de deux mois de la reprise des audiences devant le tribunal correctionnel, c’est encore la présence du prévenu Chirac qui est au centre des interrogations.

Officiellement, l’ancien président de la république veut être présent à son procès. C’est un engagement relayé par ses avocats et ses proches. Un engagement vis-à-vis des magistrats, mais aussi de l’opinion publique. Cela nous a encore été confirmé il y a deux jours par son entourage, « il n’est pas question qu’il se dérobe à ce rendez-vous judiciaire ».

Mais si d’un coté, il y a la volonté affichée de J Chirac, il y a de l’autre, la possibilité ou la capacité à le faire.

Tous ceux qui ont assisté à un procès de la sorte savent qu’il s’agit d’audiences bien remplies. Où les interrogatoires du président, du procureur, des avocats sont fastidieux. Rappelons qu’il y a dans ce dossier 9 autres prévenus, dont ces anciens directeurs de cabinet, des parties civiles, même si leur recevabilité sera discutée par la défense. Bref, les questions au prévenu principal vont fusées de tous les côtés.

La question est de savoir si l’ancien président est en suffisamment bonne condition physique pour aborder ce passage obligé de la justice ordinaire.

Juridiquement, J Chirac peut se faire représenter  par ses conseils. Cette absence sera légitiment assez mal ressentie par ses Co-prévenus qui ont du attendre la fin de son mandat présidentiel pour être jugés à ses cotés. Peu appréciée des magistrats qui préfèrent toujours avoir le prévenu devant eux.

En mars dernier, l’idée que Jacques Chirac ne fasse qu’une très courte apparition à l’audience sous forme de déclaration préliminaire avait été évoquée. Frustrant pour les juges mais une mince consolation pour la justice qui aura réussi une partie de son objectif.

Notre consœur du « Monde »,  Pascale Robert-Diard, généralement bien informée, évoquait mardi une troisième hypothèse: l’état de santé serait officiellement évoqué comme incompatible avec une comparution du prévenu. Un scénario, qui selon le quotidien du soir, aurait les faveurs de Bernadette Chirac.

Joints par nos soins, M° Veil et M° Kiejman, les deux principaux avocats de M. Chirac, se sont refusés à confirmer que cette hypothèse était effectivement la plus probable. Les conseils nous rappelant encore une fois qu’il était contraire à la philosophie du couple Chirac.

Personne prend le pari d’une présence de l’ancien président à son procès. Sans se tromper, on peut avancer qu’il ne le sera pas le 5 septembre. Au premier jour des audiences, les avocats de la défense développeront des incidents de procédure.

Si les proches choisissent en dernier ressort d’avouer que M. Chirac n’est pas en état de comparaitre, cela évidemment retirera à ce procès tout son intérêt. Mais cela équivaudrait à l’annonce d’une mort politique de l’ancien président.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique