Dany Leprince - Docteur Krombach, où l'image d'une justice à la dérive

Deux jours de suite, la justice nous envoie d'elle une image pas très glorieuse.

Hier devant la cour de cassation réunie en cour de révision, ce fût le spectacle d'une justice expéditive. Certes les magistrats sont entrés dans la salle de la chambre criminelle à 14 heures tapantes. Mais ils en sont ressortis une minute plus tard. Une phrase prononcée par le président Louvel. " La requête est rejettée et il est mis fin à la suspension de la peine". Ils se sont levés comme s'ils n'étaient pas fiers de leur décision. En tout cas, ils n'ont pas pris la peine, ce qui était la moindre des choses, de l'expliquer, de lire leur motivation. Ils ont préféré laisser une de leur collaboratrice remettre en main propre les 34 pages de leur arrêt. Ce qui, à juste titre, a profondement révolté M° Baudelot, l'avocat de Dany Leprince.

Encore une fois, il n'est pas question de savoir ici si celui-ci est coupable ou innocent. Le problème réside plus dans la logique judiciaire. Il ne peut pas y avoir des éléments nouveaux en juillet 2010 et dire le contraire 9 mois plus tard.

Ce n'est pas la première fois qu'une telle différence existe entre la commission et la cour. Les dossiers  Raddad et Seznec ont vécu le même itinéraire.

Outre le débat récurrent sur la difficulté à reconnaître ses erreurs pour la justice, comme l'a dit hier M° Baudelot, la cour de révision innocente la justice, pas les innocents, cet épisode malheureux de l'affaire Leprince jette en revanche un trouble sur la procédure de révision. Une fusée à deux étages. Un premier filtre qui intervient après une longue investigation, 5 ans dans le cas présent, et une décision finale qui n'a comme seule légitimité qu'elle émane de magistrats plus nombreux.

Ce matin, devant la cour d'assises de Paris, c'est un autre scénario qui s'est joué. Le report du procès du Docteur Krombach pour raisons médicales. La cour d'assises, au regard des expertises qu'elle avait diligentées, ne pouvait pas faire d'autre choix. pour les médecins, l'accusé ne pouvait pas comparaître avant 15 jours. Au nom de la continuité des débats et en raison d'un problème d'organisation, il n'était pas possible de demander aux jurés de revenir vers la fin avril.

Il faut donc tout recommencer, tout reprendre à zéro dans quelques mois avec de nouveaux jurés. Reconvoquer les témoins, les experts et espérer alors que l'état de santé du docteur Dieter Krombach lui permettre de comparaître dans le box. Depuis bientôt 29 ans, celui a réussi à passer au travers des mailles du filet de la justice française. Depuis bientôt 29 ans, André Bamberski se bat seul pour obtenir justice en mémoire de sa fille Kalinka. Et on lui demande encore d'attendre encore un peu....

Depuis que la justice française est saisie de cette affaire, elle n'a fait que multiplier les crispations du père de la victime. Ainsi, après avoir condamné en 1995 le médecin allemand à une peine plus clémente que celle pour laquelle il avait été renvoyé devant les assises, la justice n'a jamais rien fait pour que ce verdict soit exécuté.

La cour d'assises de Paris paye aujourd'hui cette désastreuse gestion d'un dossier criminel.

Un homme qu'on jette en prison après l'avoir libéré.

Un autre à qui l'on dit de ne pas perdre patience comme si le temps qui passe effaçait les douleurs.

Et l'on voudrait réconcilier les français avec leur justice...

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique