L'affaire Bettencourt est un feuilleton sans fin

 
Celui qui arrive à suivre les rebondissements quotidiens de l’affaire Bettencourt a toute notre admiration. A l’image d’un feuilleton ou d’un grand magasin parisien, il se passe tous les jours quelque chose.
 
Sur un pur plan procédural, il faut faire le distinguo entre les enquêtes préliminaires du procureur Courroye et le supplément d’information instruit par Isabelle Prévost-Desprez, présidente d’une des chambres correctionnelles de Nanterre. A l’heure actuelle, la saisine de la cour de justice est en suspens.
 
En une semaine, la juge de Nanterre a saisi le procureur par voie de courrier car elle soupçonne M° Kiejman d’avoir dissimuler des documents relatifs à l’état de santé de sa cliente. Démarche à laquelle, le dit procureur n’a pas donné suite.
 
Quelques jours plus tard, Liliane Bettencourt a porté plainte contre sa fille pour « violences morales ». Cette dernière a demandé, il y a quelques jours, la saisine d’un juge des tutelles pour la troisième fois.
 
Entre temps, les magistrats de la 17ème chambre correctionnelle de Paris ont certes reconnu que les propos de Georges Kiejman étaient diffamatoires à l’encontre de son confrère M° Olivier Metzner. Mais le tribunal a octroyé à l’avocat de la mère « le bénéfice de la bonne foi » et donc débouté l’avocat de la fille. Mais désormais c'est le parquet de Paris qui enquête sur des propos de l'ancien secrétaire d'Etat à la Justice visant la magistrate de Nanterre. Après la diffamation, l'outrage à magistrat. Un nouveau procès en perspective. Une affaire dans l'affaire. Bref, le principe des poupées russes. N'en jetez plus.
 
Aujourd’hui, c’est d'abord l'annonce que Mme Bettencourt envisage de retirer à sa fille et à son gendre leur pouvoir au sein du conseil d'administration de l'Oréal. C'est ensuite que cette même Liliane Bettencourt fait savoir par la voie de son avocat qu'elle ne répondra pas à la convocation que vient de lui adresser Isabelle Prévost-Desprez.
 
C'est enfin le procureur Philippe Courroye qui confirme qu’il a diligenté des investigations pour « violation du secret de l’enquête » suite à une plainte de M° Georges Kiejman. En ligne de mire de cette nouvelle procédure : Isabelle Prévost-Desprez. Depuis le début de l’affaire, les deux magistrats de Nanterre cherchent à se débarrasser l'un de l’autre.
 
Ce règlement de comptes à l’intérieur de la juridiction des Hauts de Seine se fait sur le dos, entre autres, de la presse. Cette dernière investigation porte sur les relevés téléphoniques et les échanges de sms entre la juge et deux journalistes du « Monde ».
 
En début de semaine, avec beaucoup de retard, un syndicat de magistrats, l’USM, avait manifesté son agacement face à cette guéguerre chez les Bettencourt. « Il faut arrêter l’instrumentalisation de la justice » avait lancé Christophe Régnard.
 
Cet embrouillamini judiciaire a une conséquence qui doit réjouir au moins un des protagonistes. On en oublierait presque François-Marie Banier….

PS:  Comme pour donner raison à cette semaine de folie évoquée ici, le parquet général de Versailles a rajouté un nouveau épisode dans la nuit de vendredi à samedi en demandant que tous les dossiers Bettencourt soient confiés à une autre juridiction. A la cour de cassation, il revient le role d'écrire désormais le chapître suivant.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique