Claude Guéant et Philippe de Villiers, témoins du procès de Ch Pasqua

 

L’un est passé à coté de lui sans manifester un geste de sympathie. L’autre lui a serré une main chaleureuse avant de quitter l’audience. Deux témoins de marque étaient attendus cet après midi au procès de Charles Pasqua.

 

Claude Guéant n’en est pas à son premier témoignage devant une juridiction. L’actuel secrétaire général de l’Elysée avait déjà été cité comme témoin dans le procès d’Yvan Colonna. Cette fois, il se retrouve dans la salle où Dominique de Villepin a été relaxé dans le dossier qui l’opposait à Nicolas Sarkozy. Claude Guéant fût en 93 le directeur adjoint de Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur. Il l’a suivi ensuite au conseil général des Hauts de Seine avant d’être nommé par Pasqua à la Direction Centrale de la Police Judiciaire. C’est dire si les deux hommes se connaissent et ont travaillé ensemble.

 

La déposition de Claude Guéant ne va pas dépasser 15 minutes. Le temps du secrétaire général de l’Elysée est précieux et surtout le témoin est économe en mots. Il va à l’essentiel. Pour M. Guéant, le dossier pour lequel son ex patron est jugé n’a pas au moment des faits nécessité une attention particulière du cabinet du ministre. Claude Guéant avoue même qu’il a du consulter les archives du ministère pour rafraîchir sa mémoire. Il se contente donc de décerner au prévenu un certificat d’honneur. « Monsieur Pasqua a joué un rôle considérable sur le plan politique. Il a mené en Corse une politique audacieuse et novatrice, axée sur la répression et le dialogue économique ».

 

On pensait qu’avec la déposition de Philippe de Villiers,  il y aurait dans la salle d’audience de l’électricité dans l’air.

 

Charles Pasqua et Ph de Villiers se sont alliés au milieu de l’année 99  pour fonder le RPF. Les ennuis judiciaires du premier ont débuté lorsque le second a mis en doute les comptes de financement de la campagne électorale. Le juge Courroye a mené une instruction qui a débouché d’abord sur la condamnation de Charles Pasqua pour financement illégal de sa campagne et ensuite par le renvoi de l’ancien ministre devant la Cour de justice. Depuis, les deux hommes se vouaient soit disant une rancœur tenace.

 

A la surprise générale, nous avons assisté en fin d’après midi à une réconciliation des frères ennemis. Si le député de Vendée continue d’évoquer une gestion opaque du RPF, il adoucit considérablement son propos à l’égard de l’homme politique. « Je peux vous assurer, déclare solennellement Philippe de Villiers, que je n’ai jamais vu d’enrichissement personnel chez Ch Pasqua. Son mode de vie le porte plus vers la simplicité que vers le luxe. Il préfère le bistrot aux palaces ». Le vendéen va plus loin au secours au corse. « Je peux témoigner de son patriotisme ardent, la passion de sa vie est la passion de la France. Je lui rends grâce d’avoir maintenu la flamme du souverainisme ».

 

Charles Pasqua se lève à son tour. Les deux hommes sont presque cote à cote. De Villiers regarde son ainé avec tendresse. Pasqua ne cache pas sa déception que le parti souverainiste n’est pas résisté à ces événements. Puis Pasqua se tourne vers le témoin. « J’avais pour Philippe de Villiers beaucoup de sympathie. J’ai regretté que nous arrivions à cette rupture. J’ai été content de te voir ce soir ».

 

L’espace d’un instant, nous ne sommes plus devant la cour de Justice mais devant un hémicycle parlementaire. Un moment assez fort qui a réveillé un peu cette seconde audience durant laquelle certains députés et sénateurs reprennent leur mauvaise habitude de parlementaires en poussant discrètement un petit somme…

 

 

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique