Le procès à risque de Jacques Viguier

 

Alors que sa femme a disparu le 27 février 2000,  Jacques Viguier va reprendre le chemin des assises presque dix ans jour pour jour après les faits qui lui sont reprochés. Le 1er mars, le  professeur de droit de Toulouse va comparaître devant 15 jurés à Albi.

 

Après 9 jours d’audience, Jacques Viguier a été acquitté du meurtre de sa femme le 30 avril dernier. En moins de trois heures de délibéré, la cour d’assises de Haute-Garonne avait balayé les thèses de l’accusation et d’une partie civile. La première penchait pour le meurtre et avait requis entre 15 et 20 ans de réclusion criminelle, tandis que la seconde penchait pour des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Face à cette mise en cause à géométrie variable, le jury populaire a considéré que le père de famille n’avait pas tué la mère de ses enfants.

 

Un an plus tard, le dossier qui se présente devant la cour d’assises d’appel est le même. A une exception près. Et de taille. Jacques Viguier a changé d’avocat. S’il peut paraître logique de changer de conseil après une condamnation, il est assez rare d’écarter ceux qui ont arraché un verdict d’acquittement. remercié M° Georges Cathala qui le défendait depuis le début. Remercié aussi M° Henri Leclerc qui avait rejoint la défense à la demande de son confrère toulousain. L'accusé acquitté s’est tourné vers M° Eric Dupond-Moretti pour son second procès.

 

Cet avocat du barreau de Lille est aujourd’hui précédé d’une réputation de recordman des acquittements. Près de 80 depuis le début de sa brillante carrière. « Outreau », « le commando Erignac », «  le berger de Castellar », Stéphane Audibert accusé d’être un pompier pyromane….La semaine dernière, il plaidait successivement à Aix, à Rennes. A partir de demain, il sera sur le banc de la défense à Melun.

 

En reprenant le dossier de Jacques Viguier, M° Eric Dupond-Moretti est conscient du poids qui pèse sur ses épaules. Au-delà de sa propre réputation, qui est totalement accessoire, c’est évidemment le devenir d’un accusé, qui mise tout entre ses mains, qui est en jeu. Preuve supplémentaire de la tension que représente ce dossier, la justice a décidé de prolonger les débats de plus d’une semaine par rapport au premier procès. Le verdict devrait être rendu dans la soirée du 20 mars.

 

Jacques Viguier et son nouvel avocat ont forcement en tête un chiffre sorti tout droit des statistiques du ministère de la justice. 43% des acquittements sont confirmés en appel. Autrement dit, près de 6 acquittés sur 10 vont en prison à l’issue de leur second procès. Ce fut ainsi le cas de Maurice Agnelet. Acquitté à Nice, condamné à 20 ans à Aix. Lui aussi pour le meurtre d’une femme dont on n’a jamais retrouvé le cadavre.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique