Le sort de Clotilde Reiss dépend-t-il de la justice française?

 

Alors que demain une nouvelle audience doit se tenir à Téhéran pour décider du sort de la Française Clothilde Reiss, les regards se tournent en France vers le sort d’Ali Vakili Rad. Incarcéré dans une prison de la région parisienne, cet iranien purge une peine de réclusion criminelle à perpétuité. En 1994, il a été condamné pour l’assassinat le 6 août 1991 à Suresnes dans la région parisienne de l’ex-Premier ministre iranien, Chapour Bakhtiar. Il avait été arrêté quinze jours plus tard, errant au bord du lac Léman.

 

Chapour Bakhtiar n’a été le chef du gouvernement iranien que quelques jours,  avant que le régime du Shah soit renversé par la révolution menée par l’ayatollah Khomeyni. En 80, M. Bakhtiar avait déjà fait l’objet d’une tentative d’attentat menée par Anis Naccache. Ce dernier, lui aussi condamné à la perpétuité par la cour d’assises spéciales de Paris, a bénéficié d’une amnistie de F Mitterrand. Il a été libéré le 27 juillet 1990, une libération qu’on a relié aux dossiers des otages français au Liban. Aujourd’hui, A Naccache est conseiller en stratégie à Téhéran.

 

Les mêmes interrogations entourent aujourd’hui les dossiers : Reiss et Ali Vakili Rad. Depuis le 29 juin 2009, Ali Vakili Rad a fini de purger les 18 ans de période de sureté qui accompagnaient sa peine de réclusion criminelle à perpétuité. Il a donc demandé, comme c’est son droit, à bénéficier d’une mesure de libération conditionnelle accompagnée d’une expulsion. A Téhéran, ses deux enfants l’attendent.

 

C’est le 10 février que la commission pluridisciplinaire des mesures de sureté se réunira pour statuer sur cette demande. Depuis la loi du 25 février 2008, relative à la rétention de sureté, c’est la juridiction compétente pour statuer sur les demandes de libération conditionnelle des personnes condamnées à la perpétuité.

 

Maître Sorin Margulis, l’avocat d’Ali Vakili Rad, que nous avons joint ce matin, s’élève contre le parallèle qui peut être fait entre ses dossiers. « Notre demande est faite, dit-il, dans le respect de la procédure, or de tous contextes politiques ou diplomatiques qui peuvent que nous desservir ».

 

Si l’Etat français a écarté toute possibilité d’échange, Téhéran, de son coté, n’a jamais exprimé publiquement cette alternative.

 

On ignore quelle sera, le 10 février, la position du parquet général, hiérarchiquement dépendant du gouvernement, sur la question de la libération conditionnelle d’Ali Vakili Rad qui si elle était effective s’accompagnerait d’une expulsion vers l’Iran.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique