Dati-Guigou, la guerre des communiqués

Nous l'évoquions dès mardi. Elisabeth Guigou et Rachida Dati s'invectivent. Par voie de communiqués. Mardi soir, deux heures après une première réaction épistolaire aux déclarations de la première le matin même sur Europe 1, la seconde completait sa réponse dans un second communiqué. D'une simple phrase. "Compte tenu de l'intelligence de Mme Guigou, celle-ci devrait déroger au principe archaïque selon lequel tout prédécesseur mésestime ses successeur".

On attendait la réponse de l'intéressée. Cela n'a pas traîné. Hier, Elisabeth Guigou a publié à son tour un communiqué de tout une page. Chiffres et exemples à l'appui, elle y défend évidemment son travail et son bilan mais ne ménage pas pour autant son adversaire politique. "La semaine dernière déjà devant l'Assemblée nationale, Madame Dati avait osé proférer deux mensonges (...) L'arrogance avec laquelle Madame Dati répète ses mensonges témoigne de son mépris de l'Assemblée Nationale et montre à quel point elle est à court d'arguments pour masquer ses échecs".

Au centre de ses échanges musclés, la politique carcérale des deux gouvernements. Pour R Dati, la politique menée du temps où E Guigou était aux affaires, a engendré une augmentation "inacceptable" de la détention provisoire. "40% des personnes en prison en 98 contre 26 % aujourd'hui" selon l'actuel ministre de la justice. De son coté, l'ancienne Garde des Sceaux rétorque que la population carcérale a diminué sous le gouvernement Jospin, en passant de 55 284 détenus en 1997 à 47 682 en 2001. Cette diminution du nombre de détenus provient, poursuit E Guigou, de la diminution des détentions provisoires grâce à la nouvelle politique pénale que nous avons mise en place et qui voulait que la détention provisoire reste l'exception".

Rappelons simplement les chiffres que nous recevons tous les mois envoyés par l'Administration Pénitentiaire.  Un baromètre plutôt alarmant de la population carcérale. Au 1er avril, 63 351 personnes sont incarcérées, soit une augmentation de 1 % par rapport à mars. 16 220 sont en détention provisoire, soit une baisse de 7,1% en un an. 691 détenus sont mineurs soit 1,1 % de la population carcérale.

Il y a donc d'un coté la triste réalité d'un dossier , qu'en France, on a toujours du mal à attaquer de front.

Il y a de l'autre coté le débat politicien avec ses petites phrases, ses critiques personnelles, ses "crépages de chignon". Les députés en ont donné hier une parfaite illustration. "Vous faites preuve d'incompétence et d'humeur" a lancé le député socialiste Serge Janquin à Rachida Dati. Cette dernière, avec beaucoup de maitrise, lui a rétorqué "C'est inacceptable et je déplore les attaques systématiques et les caricatures personnelles systématiques. La grandeur des ministres, ce n'est pas le sujet. Alors les attaques personnelles, ça suffit !".

Demain ses mots auront disparu de notre mémoire. Il restera les chiffres sur la population carcérale.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique