La parole qui accuse et la parole qui innocente

Huit ans qu'un ancien ouvrier agricole de 47 ans clame son innocence derrière les barreaux. Huit ans que la justice le considère avec certitude comme coupable. Jusqu'à ses dernières semaines. On vient d'apprendre aujourd'hui que fin septembre, la commission de révision de la cour de cassation va statuer sur une éventuelle libération. Car désormais le doute est sérieux. Interpellé en 2000, Loïc Sécher a été condamné trois ans plus tard à la peine de 16 ans de réclusion criminelle pour viols, tentative de viol et agressions sexuelles. Ce verdict a été confirmé en appel. Seulement depuis, la principale accusatrice s'est rétractée. Non seulement, elle reconnait avoir menti mais elle demande la remise en liberté du condamné. En avril dernier, la jeune fille, aujourd'hui agée de 22 ans, a écrit au parquet général pour affirmer haut et fort que Loïc Sécher était innocent et qu'elle ne supportait plus de le savoir en prison".

Cette affaire n'est pas sans en rappeler une autre. En septembre 2006, une autre jeune fille avait fait paraître un ouvrage intitulé très explicitement "J'ai menti". Elle confessait que les accusations de viols qu'elle avait perpétré contre son père était une pure invention. Il avait été condamné à 12 ans de réclusion criminelle. Ces deux affaires sont désormais dans les mains des hauts magistrats de la commission de révision.

Hier, c'est une autre affaire qui faisait l'actualité judiciaire. Devant la cour d'appel de Rouen, Marc Machin a été condamné à 4 mois de prison ferme pour l'agression d'un surveillant de prison. Ce dossier serait somme toute assez banal si ce jeune garçon de 26 ans n'était pas lui aussi au centre d'un mystère judiciaire.
En 2004 et en 2005, les jurés de la cour d'assises des Hauts de Seine et des Yvelines lui ont infligé une peine de 18 ans de réclusion pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot, un meurtre commis en 2001 sur un pont de Neuilly. En garde à vue, Marc Machin a avoué le crime avant de se rétracter au cours de l'instruction. Depuis, il est emprisonné au centre de détention de Val de Reuil et s'insurge contre cette incarcération. D'où cette altercation avec le surveillant de prison qui lui a valu hier cette peine suipplémentaire. Marc Machin avait beau crier son innocence, derrière les barreaux, il avait du mal à se faire entendre. Jusqu'au mois de mars dernier où un autre homme est venu se livrer lui même à la police pour s'accuser du crime du pont de Neuilly.
Résultat le dossier de Marc Machin est lui aussi devant cette commission de révision qui a décidé en juillet dernier une suspension de peine dans le dossier criminelle. Le condamné devrait donc recouvrer la liberté à la fin du mois.

Trois dossiers qui font froid dans le dos. Trois erreurs judiciaires en puissance. Trois dossiers d'accusation qui s'écroulent parce qu'enfin quelqu'un parle. Trois condamnés qui auraient pu continuer à croupir en prison si une tiers personne n'avait pas eu le courage de dire: "J'ai menti".

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique