Nabilla, un "Ange" passe au tribunal

Le procès de Mlle Nabilla Benattia s’est déroulé jeudi et a donné lieu à un déchaînement de tweets préoccupés de ses nombreux fans, essentiellement inquiets d'un retour de leur égérie en prison. Le prononcé d'une peine de six mois d'emprisonnement les ayant apparemment plongés dans un abîme de perplexité, tentons de rassurer ici les adorateurs de la starlette.

Nabilla Benattia sort de son procès au tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine), le 19 mai 2016.

« 8 mois fermes pour tentative de suicide ? 3 mois pour le voleur de riz dans un supermarché : quelle justice française… »

Mlle Benattia n’était pas poursuivie pour tentative de suicide pour deux raisons : le suicide n’est pas une infraction en droit français, et ne saurait être admis sur la personne d’autrui, le suicide de la personne d’autrui constituant un meurtre. Elle était poursuivie, sauf erreur de ma part, pour plusieurs faits de violence avec arme sur concubin.

Et si d'aucuns ont pu assurer que « poignarder son mec c’est plus grave que voler du riz ! C’est faux ! », on peut raisonnablement penser que l’atteinte à l’intégrité physique d’autrui soit plus grave qu’un vol. Et quand je dis "on", je parle évidemment du législateur, donc du code pénal.

Certains se sont interrogés sur le bien fondé de la procédure engagée alors que la victime avait retiré sa plainte.

« Mes pourquoi Nabilla devrais faire de la prison ? OK elle a planté son copain mais thoms est toujours avec elle alors chut »

La plainte de la victime, en droit français, ne détermine pas la poursuite d’une infraction à quelques exceptions près, notamment en matière de diffamation ou d’injure. Cette règle s'avère indispensable dans les hypothèses nombreuses où les victimes ne déposent pas plainte. C’est en particulier fréquemment le cas des violences conjugales où le conjoint victime, sous l’emprise de l'auteur, refuse de porter plainte malgré la gravité des violences subies. Il appartient dans ces conditions au Procureur de la République de poursuivre l’infraction dans l’intérêt de la société, afin que de tels faits soient sanctionnés et ne se reproduisent plus (dans la mesure du possible, évidemment), quitte à ce que la victime se présente à l'audience en soutien de son conjoint, ainsi que M. Vergara l'a fait jeudi (sans nécessairement que chaque victime non plaignante se sente obligée d'ouvrir une session sur Snapchat en direct du tribunal).

En l’occurrence, c’est donc de façon totalement légitime que le Procureur de la République a engagé des poursuites à l'encontre de Mlle Benattia compte tenu des graves violences constatées, nonobstant le défaut de plainte de M. Vergara.

« Moi je soutien @Nabilla demain je lui envoie pleins de bonnes ondes. Après tout si son mec lui a pardonné on est qui pour juger ».

"On", je ne sais pas, mais le tribunal correctionnel n'a heureusement pas eu à se poser cette question, puisque c'était précisément ce qu'on attendait de lui.

De nombreuses interrogations se sont fait jour sur le réseau social quant aux modalités d’exécution de la peine prononcée :

« Toujours pour les incultes en dessous de 2 ans ferme, le juge d’application des peines prononcera une assignation à résidence »

Mlle Benattia a été condamnée à une peine d’emprisonnement de deux ans dont 18 mois avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve. Cela signifie qu’elle doit effectuer une peine de six mois d'emprisonnement ferme, dont il faut déduire la détention provisoire d’ores et déjà effectués, soit environ un mois. Pour les cinq mois restants, le juge d’application des peines décidera si la condamnée peut bénéficier d’un aménagement de peine (conversion en amende, travail d’intérêt général, placement sous surveillance électronique). Concernant les dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve, elle devra respecter un certain nombre d’obligations, notamment s'astreindre à un suivi psychologique. A défaut, elle pourra faire l’objet d’une nouvelle incarcération d'une durée correspondant à tout ou partie de la peine prononcée avec sursis. Elle devra en outre, bien entendu, éviter de commettre toute nouvelle infraction.

Quant à l'assignation à résidence, il s'agit d'une mesure de contrôle pré-sentencielle, jamais d'une peine.

Terminons par un peu de science-fiction (je veux croire au caractère parodique du dernier compte cité ci-dessous) :

"Si nabilla a vraiment 3 ans de prison je vais porter plainte contre le tribunal c’est une star elle rine à faire en prison"

MM. Cantat, Morville/Starr et Tapie, dont la notoriété et la durée d’incarcération ont été largement supérieures à celles de Mlle Benattia, auraient probablement leur mot à dire sur cette question.

"Je peux coucher avec quel juge pour qu’il sorte Nabilla de prison ?"

Qu’on n’en vienne pas à pareille extrémité, pitié. L’idole ne va pas retourner en prison, ainsi que la loi le prévoit, alors inutile de menacer, hein !

 

Un grand merci à @Ganette_ dont la patience et l'acharnement dans le recueil des tweets des adorateurs de Nabilla m'ont grandement facilité la tâche.