Le logo de campagne de Marine Le Pen : décryptage

Marine Le Pen, présidente du Front national, devant son nouveau logo lors de l'inauguration de ses locaux de campagne, à Paris, le 16 novembre 2016. (JULIEN MATTIA / NURPHOTO / AFP)

Marine Le Pen a dévoilé à la presse son tout nouveau logo de campagne. Exit la flamme. Au revoir le drapeau tricolore. Place à une rose bleue. Que signifie-t-il ? Quel univers sémiologique convoque-t-il ? Et surtout pourquoi utiliser ce symbole aujourd'hui ? Décryptage.

Parce qu'elle cible l'électorat féminin

C'est une Marine Le Pen plus féminine et plus mince qui a présenté cette rose bleue, symbole de la féminité devant les médias. Objectif ? Conquérir les votes féminins assez hostiles aux extrêmes et capitaliser sur sa candidature féminine. Ce nouveau logo vient couronner une stratégie de longue haleine débutée avec le lancement de son blog "Carnets d'espérance" qui laisse la part belle au storytelling, soit l'art d'associer la raison à l'émotion pour susciter l'adhésion. Elle s'y présente sobrement comme "une femme libre, une mère, une Française" qui a choisi de s'engager pour son pays. Tout un programme... ou pas ! Les aspérités politiques sont gommées. Les photos plus intimes. La communication maîtrisée. Dans la même lignée, sa participation à l'émission "Ambition intime" de Karine Le Marchand elle révèle aimer le jardinage et revient sur la difficulté d'être une femme qui travaille et qui élève des jumeaux qui n'ont que quelques mois d'écart avec leur aîné. Tout en s'exclamant qu'heureusement qu'il n'y a jamais eu de fils Le Pen, parce qu'avec un père pareil, cela n'aurait pas été simple pour lui. La stratégie se dessine : humaniser la présidente du FN. Adoucir ses traits, et la féminiser pour étendre son électorat à celles qui font souvent la différence dans le scrutin : les femmes.

Parce que cela lui permet de vampiriser les symboles de gauche et de droite

Pas de doute, c'est une appropriation pure et simple des "symboles" des camps opposés : la rose du parti socialiste et le bleu roi des Républicains dans un mouvement de syncrétisme quelque peu belliqueux si l'on y voit également une épée. Oui, les symboles des deux camps opposés, ceux-là même qu'elle appelle "l'UMPS". Un comble. La pilule est dure à avaler pour le parti socialiste, affaibli, dont les électeurs ont déserté les rangs pour rejoindre le camp bleu Marine. Le détournement n'est pas anodin pour l'équipe de la candidate. Il s'agit d'envoyer un signal fort envoyé aux concurrents pour asseoir leur puissance. Tout en rassurant les électeurs : l'appropriation de ces codes les inscrit dans une lignée "rassurante". Celle des partis "établis" et républicains. Quitte à ce que les électeurs soient un peu perdus : pourquoi reprendre des codes éculés que le FN s'acharne à dénoncer ? A travers cette stratégie, le parti essaie d'obtenir les faveurs du vote consumériste, qui se distingue du vote idéologique et citoyen. Soit un vote plus volatil et qui fait toujours l'objet de convoitises.

Parce qu'elle efface ainsi son patronyme et se distingue de sa nièce

Plus de flamme, pas de drapeau tricolore et surtout... plus de nom de famille. Le Pen père, a définitivement disparu via ce logo. La main mise sur le parti est achevée. Et surtout, l'emploi du prénom Marine permet aussi à la présidente du FN de se distinguer de sa nièce rebelle : Marion. Etonnant, car vous ne le savez peut-être pas, mais le "vrai" prénom de Marine Le Pen est en réalité... Marion. Marine n'est autre que son prénom d'usage. Ici il s'agit de se libérer de l'héritage du père, là où sa nièce a repris le nom de sa mère dans une optique de filiation avec son grand-père.

Anne-Claire Ruel

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