L'islamiste français voulait faire la guerre au Mali

La DCRI, le service de renseignement intérieur français, a été chargé de l'enquête.

Ce sont les gendarmes maliens qui ont alerté les autorités françaises. Ils venaient de repérer un français alors que ce dernier essayait de rejoindre des groupes islamistes du nord du pays. Ibrahim Ouattara, un franco malien de 24 ans, originaire d’Aubervilliers en Seine Saint Denis, voyageait sous une fausse identité sous le nom de Khalifa Dramé. Il est arrivé jeudi dernier au Mali après une escale au Portugal. Placé en garde à vue sur place, il a expliqué aux enquêteurs qu’il souhaitait rejoindre Tombouctou pour y retrouver des groupes islamistes, installés le long du fleuve Niger.

Suivi par les services français

Ibrahim Ouattara est une vieille connaissance de la police française. Depuis des années ses amis et lui même sont dans le collimateur de la justice sans que leur détermination ne soit jamais entamée. Comme lui, Ymad Bilel Benouahab, Hakim Soukni et Arnaud Baroteaux, alias Abdelkarim se seraient radicalisés dans les années 2007, à la suite de voyage initiatique au Pakistan. Régulièrement, ils seront repérés et expulsés de ce pays, mais aussi d'Egypte ou d'Afghanistan.  En 2010, les policiers français suivent la trace de Ibrahim Ouattara et de Ymad Benouahab, les deux leaders du groupe. Quand ils sont à Paris, ils habitent la plupart du temps en foyers et fréquentent la mosquée rue Myrha dans le 18eme arrondissement. Les policiers apprennent qu’en Egypte le groupe a été mis en contact avec un Russe à la recherche de volontaires djihadistes pour la Tchétchénie et l’Afghanistan. Selon les spécialistes de l’antiterrorisme, le souhait de cette cellule était de s’aguerrir dans les zones de combat avant de revenir en France pour frapper. Ils seront finalement tous interpellés à Paris, en novembre 2010, soupçonnés par la DCRI de préparer un attentat contre le recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur.

Pour les magistrats qui instruisent leur dossier à l'époque, leur arrestation et leur placement en détention préventive est un moyen de les mettre à l’ombre un certain temps. Mais cet été, faute d'avoir encore été jugé, ils sont remis en liberté conditionnelle et les voyages reprennent. Ibrahim Ouattara quitte rapidement la France, tandis que son acolyte Ymad Benouahab fait de nouveau parler de lui en octobre dernier. Il est condamné à 6 mois de prison ferme pour avoir tabassé un homme qui photographiait des femmes voilées… Il semble que l’islamiste avait également pour projet de rejoindre des terres de djihad.

Quelques français se battent au nord du mali au sein de groupes islamistes

djihadistes dans le Sahel

Les services de renseignement français sont en relation régulière avec leurs homologues maliens car ils ont noté, depuis quelques mois, une nouvelle tendance chez les jeunes radicaux à se rendre dans le Sahel ou encore en Syrie au lieu des zones de combats traditionnellement fréquentées ces dernières années, comme l’Afghanistan ou le Pakistan. Mais l'un de mes interlocuteurs tempère : « A notre connaissance, on ne peut pas non plus parler d’une déferlante ! ». A l’heure actuelle, les services auraient identifié formellement quelques européens dont quatre français circulant dans le Nord Mali, embrigadés dans des groupes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). « Mais évidemment, précise mon interlocuteur,  le chiffre noir peut être plus important ».