Un PDG menace de virer ses employés si Obama est élu

Il ne fait pas bon être démocrate si on travaille pour David Siegel. Ce patron américain a envoyé lundi 8 octobre une lettre à chacun de ses 8 000 employés pour les mettre en garde : s'ils votent Obama, ils risquent fort de perdre leur travail. Pas de menace directe, mais un texte de deux pages expliquant que la politique du président pourrait l'obliger à faire des coupes franches dans les effectifs de sa florissante compagnie, qui possède des résidences touristiques dans tout le pays.

Vous avez dit pression ? Le PDG de Westgate Resorts s'en défend. "Bien sûr, en tant qu'employeur, [...] je ne me permettrais certainement pas d'interférer avec votre droit de voter pour le candidat de votre choix. En réalité, je vous encourage à voter pour celui dont vous pensez qu'il servira le mieux vos intérêts", explique-t-il dans un courrier dont le site américain Gawker a obtenu une copie. Et de préciser un peu plus bas : "Si de nouveaux impôts sont levés sur mon entreprise ou sur moi-même, tel que le prévoit notre président actuel, je n'aurai d'autres choix que de réduire la taille de cette entreprise."

Des articles anti-démocrates joints aux fiches de paie

David Siegel raconte longuement comment il a travaillé dur pour bâtir sa fortune actuelle, et pourquoi il n'a nulle intention de "soutenir un système qui pénalise les citoyens productifs et donne aux improductifs". Si ce système devient la norme, explique-t-il, il n'aura aucun scrupule à prendre sa retraite anticipée pour aller bronzer "sur une plage des Caraïbes, sous un palmier et sans aucun employé dont il faudrait s'occuper".

L'homme, un brin mégalo - il s'est lancé dans la construction en Floride d'un immense palace kitsch inspiré de Versailles et qui sera, il l'espère, la plus grande maison des Etats-Unis - n'en est pas à son coup d'essai. Fervent républicain, il avait soutenu George W. Bush à sa manière en 2000. "Chaque fois que je voyais un article négatif sur Al Gore, je le joignais aux fiches de paie de mes 8 000 employés", a-t-il raconté récemment à Bloomberg. "J'ai demandé à mes managers de faire un sondage auprès de chacun d'entre eux : ceux qui aimaient bien Bush, nous les poussions à s'inscrire sur les listes électorales. Pas ceux qui penchaient pour Gore."