Les livres de la spéciale Apocalypse-Verdun (6) : 1916

1916, par Jean-Yves Le Naour, ed. Perrin

C'est mon compère Daniel Wolfromm, auteur avec Chloé Cormery, Philippe Maire et Boris de Saint-Jorre de deux des sujets de notre spéciale Apocalypse-Verdun (dimanche soir 22h20), qui chronique cet ouvrage :

Avec 1916, Jean-Yves Le Naour poursuit sa chronique de la Grande Guerre.
L’historien, de manière classique y égraine les années, à la manière d’un feuilleton. « L’enfer » est le sous titre de cet épisode. Les massacres de Verdun et de la Somme en témoignent.

photo Babelio.com

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Mais le livre va plus loin …
Un an et demi après le début des hostilités et l’échec des offensives françaises en Artois comme en Champagne, « l’Union sacrée » de la nation s’érode, l’opinion entre en scène par l’entremise des parlementaires. La stratégie du Haut Commandement français est ouvertement mise à mal, des coteries se forment parmi les députés et les ministres. Certains défendent le généralissime Joffre, taciturne et peu enclin aux débats. Il vit dans son QG de Chantilly entouré de ses colonels, des « jeunes Turcs » dit-on, des technocrates à sa main. D’autres, constituent une forme de « lobby » autour de son opposant, le ministre de la Guerre, l’austère général Gallieni, indépendant, fin tacticien, toujours prêt à pourfendre l’indécision supposée de Joffre.

Indécision

Pour ajouter à la confusion, ni le président de la République Raymond Poincaré, ni Aristide Briand, le chef du gouvernement, ne tranchent.
En cet hiver 1916, les débats parlementaires se font de plus en plus violents, sans réels clivages politiques, même si la Gauche était en 1915 plutôt hostile aux positions de l’Etat-major, par tradition et la Droite favorable, par principe. Le récit vivant et mal connu qu’en fait Jean-Yves Le Naour semble aujourd’hui surréaliste, à la veille du choc de Verdun.
Les Allemands attaquent le 21 février sur cette portion du front faiblement défendue. L’histoire de la bataille de Verdun est des plus documentées. Si le nom de la ville reste, un siècle plus tard, synonyme de la souffrance des combattants, on oublie aujourd’hui l’impréparation militaire du côté français et la providence qui fit retarder l’attaque allemande d’une semaine par suite du mauvais temps, annihilant tout effet de surprise.

Une année pour rien ?

Verdun n’est qu’un des terribles épisodes de cette année 1916. Les offensives se poursuivent : déroulement chaotique des opérations dans les Balkans, déferlement du nationalisme arabe, reprise de la guerre de mouvement sur le front de Russie sans omettre la catastrophe de la Somme. Jean-Yves Le Naour explore tous ces fronts avec un mélange de rigueur diplomatico-militaire et un sens de l’anecdote, une synthèse historique faite de pleins et de déliés, dans la tradition anglo-saxonne.
Le déroulé de son récit s’achève sur ce terrible constat : 1916, une année pour rien.
De part et d’autre, 700 000 tués à Verdun, 450 000 sur la Somme, la lassitude chez les hommes, certains au point de rupture mais la continuité des stratégies offensives dans les états-majors. En France, Joffre est remplacé par Nivelle, obtus responsable, l’année suivante, du désastre Chemin des Dames.
Un personnage s’impose toutefois en 1916. Ce général affirme une évidence : « le feu tue ».

Sa légende commence, il s’agit de Philippe Pétain.

photo editions-stock.fr

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Vous retrouverez bientôt Daniel Wolfromm sur le site culturebox.

https://culturebox.francetvinfo.fr/

Il y rédigera des articles et des chroniques consacrées aux livres d'Histoire quand ils résonnent avec l'actualité. Ce passé si présent est sa passion. Bienvenue au club, mon ami !

Publié par Pascal Doucet-Bon / Catégories : Non classé