Farfelu, Trump ? Allons donc.

Propositions légèrement provocatrices, chevelure épique, réflexions sexistes ou racistes : Donald Trump fait peut-être figure de clown dans la primaire républicaine mais caracole toujours en tête des intentions de vote.... Clown destiné à s'effondrer ou candidat solide, Trump ne démérite en tout cas pas dans la galerie des candidats parfois farfelus de l'histoire des présidentielles américaines. A commencer par ces quatre têtes d'affiche.

Gabriel Green, le type du 3e type

Spécialiste autoproclamé des OVNI dans les années d'après-guerre, Gabriel Green connut sa petite notoriété dans les années 60, où le thème était particulièrement en vogue sur fond de guerre froide, de conquête spatiale. En 1957, Greene fonda une sorte de fédération de club d'amateurs de soucoupes volantes, l'Amalgamated Flying Saucer Clubs of America, à peu près au moment où il se mit à affirmer qu'il avait personnellement été invité par des extra-terrestres pour visiter les espaces interstellaires en général et une planète inconnue, Korender, située un peu à gauche d'Alpha Centauri, derrière la ferme avec le gros chêne.

Greene, qui évoque des extra-terrestres bienveillants et rappelle un peu le gourou français Raël , affirma avoir gardé la possibilité de contacts télépathiques avec ses nouveaux amis. Il se lança dans la course à la Maison Blanche en 1960 comme candidat du Universal Flying Saucers Party (le Parti universel des soucoupes volantes). Avec un programme fort : s'appuyer sur la technologie alien pour résoudre tous les problèmes du monde de ses environs.

Après avoir fait un bide et s'être finalement rallié à Kennedy, Greene retenta sa chance en 1972 : il recueillit très exactement 199 votes.

John G. Schmitz, le meilleur ennemi de Nixon

Élu républicain à la chambres des représentants, membre du Sénat californien et fervent défenseur d'idées situées un peu à droite de l'extrême-droite, John G. Schmitz n'avait pas que des amis dans son camp, où sa rhétorique extrémiste faisait tousser certains, à commencer par le président Nixon. Entre autres joyeusetés, Schmitz décrivit les émeutes urbaines de Watts, en 1965, comme une "opération communiste" et réclama en vain que les professeurs suspects de sympathies communistes soient exclus de l'enseignement. Autre proposition intéressante : vendre les universités publiques pour régler le problème des manifestations étudiantes. En guerre contre le mouvement féministe de l'avocate Gloria Allred, Schmitz la décrivit comme une "salope graisseuse", entourée d'un "océan de visages juifs pénibles et prétendument féminins".

Quand Nixon partit en visite officielle en Chine, Schmitz eut cette phrase : "mon problème n'est pas qu'il y aille mais qu'il en revienne". Privé des investitures de son parti, Schmitz se lança face à Nixon en 1972 sous l'étiquette de l'American Independent Party. Plus d'1,1 million d'américains votèrent pour lui, soit 1,42 % du total – près de 10 % dans l'Idaho.

Un exemple - plus tardif – permet de se faire une idée complète du personnage : interviewé en 1982, Schmitz suggéra de résoudre les problèmes du pays en… renversant le gouvernement fédéral avec l'aide de l'armée – mais attention, ce ne serait pas un vilain coup d'état, non, "mais un bon, comme celui de Pinochet au Chili". Schmidt chuta dans les années 80, après un scandale familial : le défenseur des valeurs traditionnelles avait eu une liaison hors mariage – et deux filles. Impardonnable pour son électorat.

John Hagelin, le méditateur transcendantal

Formé en 1992 dans l'Iowa, le parti de la loi naturelle eut son heure de gloire en France dans les années 90, quand son candidat français Benoit Frappé (ça ne s'invente pas) présenta une liste aux élections européennes.

Aux États-Unis, son leader John Hagelin visa plus haut à trois reprises, en s'attaquant directement à la magistrature suprême en 1992, 1996 et 2000. Physicien, Hagelin est adepte de la loi naturelle développée par Maharishi Mahesh Yogi, figure de la méditation transcendantale – un courant de pensée indienne qui peine à échapper aux accusations de sectarisme en France. Peut-être parce que le mouvement invite ses membres à léviter gaiement, ou faute d'y parvenir, à sauter en l'air dans la position du lotus pendant des heures.

Le programme de Hagelin se résume en gros à l'idée que résoudre les problèmes du monde suppose de réunir une série d'adeptes et de les faire penser très très fort à tel ou tel sujet, disons la guerre ou le SIDA - hop, problème réglé pour peu qu'on soit assez nombreux et suffisamment éveillé : Hagelin n'hésitait pas à s'attribuer la réussite de telle ou telle opération militaire ou à se vanter d'avoir ainsi contribué à résoudre le problème du terrorisme – le 11-Septembre laisse penser qu'il n'avait pas du réfléchir assez fort.

Du coup ? Du coup Hagelin a lancé depuis une sorte de congrès annuel, l'Assemblée de l'Amérique invincible, où son fan club se réunit pour méditer trois fois plus fort. Problème résolu. Presque. Environ. Bientôt.

Jonathon Sharkey, dit l'Empaleur

Un vampire candidat à la Maison Blanche ? Quel scénario formidable ça ferait si seulement quelqu'un osait et … Eh bien quelqu'un a osé : Le monsieur ci-dessous, dont la photo dit qu'il se porte extrêmement bien dans sa tête, est Jonathon Sharkey, candidat aux présidentielles de 2004 et 2008 en tant – bizarrement – que candidat indépendant. Ce n'est pas faute de tenter de passer par les partis traditionnels: Sharkey a été candidat républicain aux Congrès de Floride et du New Jersey.

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J'en vois un qui a l'air de vouloir s'abstenir.

Luciférien autoproclamé, Sharkey se présente comme le descendant direct de Vlad Tepes, dit l'Empaleur, plus connu sous le nom de Dracul et comme modèle historique du Dracula imaginé par Bram Stocker.

Après une carrière de boxeur puis de catcheur professionnel menée sous le doux nom de Rocky Hurricane Flash, Sharkey a fondé en 2005 le Vampires, Witches and Pagans Party (Parti des Païens, Vampires et Sorcières), très officiellement reconnu par le Comité fédéral américain des Elections.

Invité pendant la campagne de 2006 à s'exprimer sur sa politique vis-à-vis des criminels, Sharkey répondit par une proposition pleine de fermeté : il s'engagea à empaler en public les meurtriers et les violeurs, sur les pelouses du Capitole. Ce qui a effectivement tendance à résoudre la question de la récidive. Pour le reste, Sharkey considère Georges W. Bush comme un communiste et promet qu'il se nourrit exclusivement de sang de femmes – consentantes, alors ça va. Oh, et il a aussi sorti un album de reprises d'Elvis.

Aux dernières nouvelles, Sharkey s'est engagé à se porter candidat aux prochaines présidentielles. Et comme il est bien entendu immortel, ça peut durer longtemps.

Publié par jcpiot / Catégories : Actu