De la chirurgie esthétique à la boucherie

Luca Rossato

Voici un court film d’animation réalisé par Frédéric Doazan, un point de vue à peine caricatural des excès de la chirurgie esthétique :

Comment passe-t-on de la chirurgie esthétique à la boucherie ?

Le « concept de soi »

En psychologie sociale, on appelle « concept de soi » la perception que l’on a de nous-même. Ce concept de soi s’applique à nos capacités cognitives (« je suis nulle en maths »), à nos compétences sociales (« je me trouve tellement intéressante »), mais aussi à notre apparence physique (« je suis laid »).

La perception de notre corps

La perception de notre corps dépend de la façon dont nous avons acquis de l'information sur nous-mêmes. Le jugement que nous portons sur notre apparence physique est en effet façonné par nos croyances, nos souvenirs, nos humeurs, le regard des autres, etc. Ce jugement peut être positif ou négatif, et par conséquent favoriser une plus ou moins bonne estime de nous-même (à l’extrême, une perception déformée de l’image du corps peut favoriser le développement de troubles du comportement alimentaire par exemple).

Différents auteurs ont indiqué que les médias jouaient aussi un rôle important dans la perception négative de la forme et du poids de notre corps. Ainsi, dans certaines sociétés, les hommes et les femmes s’efforceraient de rester minces dans le but d’adhérer à un idéal corporel standardisé. Le décalage entre ce que je pense être et ce que j’aimerais être contribue donc à une baisse de l’estime de soi.

Lorsque la perception de notre corps s’éloigne trop de l’idéal physique normalisé, nous risquons de nous retrouver dans une situation d’inconfort, qui n’est autre qu’une forme de frustration. Un des moyens de se rapprocher de la plastique « idéale » et donc de réduire cette sensation d’inconfort consiste alors à modifier son apparence physique, notamment grâce à la chirurgie esthétique.

Dans certains cas, une intervention chirurgicale permet de retrouver une meilleure estime de soi (après une rhinoplastie par exemple). Mais parfois, l’idéal de la personne est si élevé, flou, voire fluctuant, que les interventions plastiques sont sans effet. La personne court après un idéal physique indéfini, elle multiplie les opérations et le chirurgien devient boucher.