Connaissez-vous la cyberpsychologie ?

UQO

De plus en plus, l’informatique et le numérique se mettent au service de la recherche et du soin en psychologie. Par exemple, certains psychothérapeutes proposent des prises en charge à distance, via internet, notamment pour des patients qui ne peuvent pas se déplacer. Cette télépsychothérapie (ou psychothérapie à distance) est un exemple d’application d’un domaine de développement en psychologie que l’on appelle la cyberpsychologie.

La réalité virtuelle est un autre exemple plus surprenant de technologie numérique utilisée en psychologie. Il s’agit d’une simulation informatique qui permet une immersion dans un environnement très réaliste. Mais en quoi cette technologie peut concerner la prise en charge de certains patients en santé mentale ?

Explications :

Prenons l’exemple de la phobie. Face à certains éléments comme le sang ou l’eau, ou dans des situations qui consistent à prendre l’avion ou l’ascenseur, certaines personnes réagissent avec une forte anxiété qui les empêche d’affronter ces situations. Bien sûr, il existe de nombreuses peurs communes dans la population générale, comme la peur des serpents ou la peur du vide par exemple. Mais lorsque la souffrance atteint un certain seuil et nuit à l’épanouissement social et professionnel de la personne, on peut véritablement parler de phobie. On estime qu’entre 4 et 8 % d’entre nous seraient concernés par ce trouble.

Pour traiter les phobies, les autorités de santé recommandent actuellement les thérapies cognitives et comportementales (TCC). Une des méthodes utilisée dans ces thérapies est la désensibilisation. Celle-ci consiste à exposer progressivement la personne aux environnements qu’elle redoute. Le patient doit donc affronter ses peurs car le fait d’éviter les situations jugées stressantes ne fait qu’entretenir les réactions de stress (on dit que nos conduites sont maintenues par leurs conséquences). Pour permettre une exposition progressive, le thérapeute « découpe » la situation anxiogène en une série d’étapes allant graduellement de la moins anxiogène vers celle qui déclenche les réactions émotionnelles les plus intenses. Prenons un exemple : un patient décrit les signes d’une anxiété intense à la vue du sang. Le thérapeute analyse avec lui les niveaux d’anxiété : la situation la moins anxiogène est de penser à la vue du sang, et la situation inacceptable est de subir une prise de sang. Pour chaque niveau de l’échelle, le patient est ensuite « immergé » dans la situation, dans un premier temps en lui demandant d’évoquer l’image de la situation. Progressivement, et en s’aidant de différentes techniques comme la relaxation, l’organisme du patient « immergé » n’émettra plus de réactions de stress. Ainsi de suite, par paliers progressifs, l’organisme s’habitue alors aux différentes situations et réapprend à ne plus avoir de réponses de stress.

La difficulté de cette thérapie est de proposer au patient des situations anxiogènes bien dosées : pas trop d’anxiété d’un seul coup sinon le patient risque de fuir la situation (et donc d’entretenir les réponses de stress), mais suffisamment de peur pour que l’organisme débute son apprentissage. C’est précisément à cette étape que la réalité virtuelle peut être utile. En effet, elle permet l’immersion dans des environnements anxiogènes modulables et véritablement adaptés à chaque personne, tout en augmentant de façon très progressive les difficultés. C’est ainsi qu’ont été mis au point des simulateurs de vol dans lesquels il est possible de contrôler une multitude de paramètres comme les accélérations de l’avion, la météo, les turbulences, etc. Il existe également des simulateurs de vide pour lesquels il est possible d’adapter la sensation de hauteur, ou encore des décors anxiogènes virtuels dans lesquels on y fait évoluer des araignées de toutes sortes. Illustration en images :

 

Le seul inconvénient de la réalité virtuel est qu’elle ne garantit pas que le patient puisse affronter sa peur dans son environnement naturel. Les résultats cliniques sont malgré tout encourageants. Les recherches sont principalement ciblées à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) qui est le seul endroit au monde qui possède un système permettant une immersion virtuelle dédié à la recherche en santé mentale.

Selon les spécialistes de cette cyberpsychologie, la réalité virtuelle pourrait permettre à terme l’aide à la prise en charge d’autres troubles du comportement comme les troubles sexuels, les troubles du comportement alimentaire, l’addiction au jeu, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou encore les troubles de stress post-traumatique.