Facebook : les mécanismes d’une addiction

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Le film suivant présente de manière élégante une théorie expliquant notre addiction à facebook et autres réseaux sociaux :

On pourrait résumer ce film ainsi :

> 1. L’être humain est une créature sociale. Le sentiment de solitude peut donc le rendre fou, même si paradoxalement le monde moderne glorifie l’individualité.

> 2. En effet, l’individu est évalué selon ses réussites individuelles (situation professionnelle, biens matériels, compte en banque, etc.).

> 3. Pour être évalué le mieux possible, chacun de nous tend donc à développer ses compétences individuelles et sacrifie alors ses relations sociales.

> 4. Ainsi, notre vie sociale s’amenuise et de plus en plus de personnes se sentent seules.

> 5. C’est alors qu’arrivent les réseaux sociaux qui s’adaptent parfaitement à votre vie moderne : ils sont simples, optimistes et impérissables. Ils permettent un contrôle de vos interactions : vous contrôlez ce que vous dîtes, ce que vous êtes, et même les durées de vos conversations. Bref, vous gérez votre vie sociale beaucoup plus efficacement. Et c’est exactement ce dont l’homme moderne a besoin : combler à la fois ses exigences individuelles grandissantes, tout en continuant à satisfaire efficacement ses besoins sociaux dont il est malgré tout dépendant.

C’est donc parce que facebook répond à un besoin pertinent qu’il crée l’addiction : facebook et les réseaux sociaux rendent la vie de l’homme moderne plus confortable.

La vidéo conclue en suggérant que nous devrions apprendre à être seul. Cette option est tout à fait envisageable puisque notre besoin d’entrer en relation avec d’autres êtres humains est lui-même le fruit d’un apprentissage. En effet, notre survie est assurée dès la naissance par des besoins primaires (la nourriture notamment), et rapidement, le nourrisson apprend que pour obtenir ces ressources vitales, il doit faire appel à autrui dont il est encore dépendant (en général, il s’agit du parent). Ainsi, les rapports sociaux prennent autant d’importance dans la vie de l’être humain parce qu’ils sont associés très vite à des exigences génétiques ayant valeur de survie. L’être humain souffre donc de la solitude parce qu’il se trouve en situation de manque liée à cet apprentissage.

Au fond, l’être humain a besoin de l’autre pour satisfaire plus ou moins indirectement des besoins très personnels. Mais certains individus peuvent tout à fait se contenter de peu de relations sociales et considèrent même la socialisation comme une activité très désagréable. C’est le cas de certaines personnes avec autisme, et notamment les personnes atteintes du syndrome d’Asperger. Pour ces personnes, les interactions sociales exigent beaucoup d’efforts et génèrent une fatigue et une anxiété importantes. Au vu de l’augmentation du nombre de personnes atteintes d’autisme dans le monde, on pourrait presque croire que l’autisme est une conséquence neurologique de l’évolution humaine : avoir moins besoin des autres pour mieux s’adapter à la vie moderne.

Vidéo : The innovation of loneliness (Shimi Cohen)