Le « mystère Sarkozy ».

 Une (petite) majorité de Français pensent que Nicolas Sarkozy, s’il avait été réélu, aurait fait « mieux » que François Hollande. Et une (large) majorité de sympathisants UMP souhaitent qu’il se représente en 2017.  C’est l’enseignement de deux des sondages du week-end.  Double évidence : tenu pour « politiquement mort » à l’issue de la dernière présidentielle, l’ex-président reste à droite, dix mois après sa défaite, une référence, référence discutée mais référence tout de même; le silence auquel, bridant son tempérament, il s’est jusqu’ici astreint est « payant ». Sa cote remonte à la mesure de la déception d’une bonne partie de la l’électorat de gauche qui, pour autant, ne rêve pas une seconde de son retour.

 

Le temps des spéculations

Les amis de l’ex-président se persuadent, eux, que 2017 peut être, pour lui, l’année de la revanche. D’autres à droite s’agacent : l’intéressé, disent-il, bloque le jeu, et interdit toute réflexion sérieuse sur les motifs des défaites à répétition de l’ancienne majorité. A gauche, les sentiments sont ambivalents : il y a de l’impuissance et de l’exaspération devant la façon dont l’ancien chef de l’Etat fait oublier, disent-ils, son « bilan » ; il y a en même temps la conviction que jamais les Français ne voudront redonner une seconde chance à Sarkozy. Il serait donc l’adversaire idéal. L’anti-sarkozysme n’a-t-il pas été en 2012 le seul vrai ciment de la coalition hétéroclite qui a porté François Hollande au pouvoir, la gauche à elle seule n’étant pas majoritaire ?

Pourquoi Sarkozy jubile secrètement

Défait –de peu- lors de la présidentielle, l’ex-président a vécu très douloureusement la violente et même hargneuse campagne dont il a été pendant des mois  la cible, et qui aura coalisé contre lui la gauche, l’extrême-gauche, l’extrême-droite,  une partie du centre et, au bout du compte, la Chiraquie.  Que les Français –non pas dans les urnes mais dans les sondages- le « réhabilitent » aujourd’hui partiellement (fut-ce pour mieux dire la déception que leur inspire l’équipe Hollande) est donc, pour lui, une satisfaction et même un soulagement. Sans doute a-t-il commis beaucoup d’erreurs mais face à la crise, à sa façon, il a tenu.    

Fillon, façon Pompidou

Faut-il pour autant imaginer que le prédécesseur de François Hollande rêve, chaque matin en se rasant, de 2017 ? Non.  D’abord, il est exclu qu’il y aille pour se faire battre, pour faire de la figuration. Il tient à son image, et aussi à sa famille.  Il faudrait donc qu’il y ait une « attente ». On n’en est, au minimum, pas là. Ensuite, il  faudrait, au-delà des nostalgiques, que Sarkozy apparaisse à nouveau à droite comme un espoir. On allait presque dire : comme un homme neuf. On y est d’autant moins qu’un Fillon, à la façon d’un Pompidou, entend bien incarner, le jour venu, le « changement dans la continuité ». Enfin, nul ne sait ce que sera l’état de la France en 2017 : requinquée (après une « opération essorage ») ? Ou épuisée et dans l’attente d’un capitaine ? Dans le premier scénario,  les chances de réélection de François Hollande seraient considérables. Dans le second, l’appel à Sarkozy peut devenir crédible, mais dans quel climat ?

Echapper au duel Hollande-Le Pen

Pour l’heure, l’ancien président savoure qu’on le tienne pour « vivant »,  que son bilan soit en partie revu à la hausse, et que son destin… intéresse. Pour un homme hier piétiné, c’est déjà, en dix mois, une revanche.  De là à « repiquer », comme on dit, il  y a un monde.  Sarkozy sait seulement –et c’est déjà beaucoup- que rien ne se fera à droite demain en le zappant purement et simplement. Son premier succès sous l’ère Hollande.  Le seul ? Certains de ses amis veulent croire que lui seul pourra permettre à la droite d’échapper à un duel Hollande-Le Pen. On verra. 2017, c’est dans une éternité.   

 

 

 

 

Publié par ddemontvalon / Catégories : Actu