(c) "Willy Vandersteen raconte..."

Willy Vandersteen raconte...

suskeenwiskedagUne plongée dans l'âge d'or de la BD belge, voici ce que propose la rétrospective "Willy Vandersteen" en ce moment au Centre Belge de la Bande-Dessinée. Willy Vandersteen est l'un des maîtres de la ligne claire aux côtés d'Hergé. Moins vénéré par les amateurs que le créateur de Tintin, le dessinateur flamand (disparu en 1990) a tout de même inventé en 50 ans de carrière un univers riche de plus de 1000 albums, de dizaines de héros... De "Bob et Bobette" au "Prince Riri" en passant par "Le chevalier rouge", les personnages de Willy Vandersteen ont en commun le goût de l'aventure, du fantastique, un humour loufoque.

Willy Vandersteen débute sa carrière en 1942. A l'époque, l'embargo sur les comics américains lui permet de vendre ses premiers strips à la presse flamande, comme beaucoup d'auteurs de sa génération. Le jeune homme se distingue tristement par des dessins antisémites, dessinée sous le pseudonyme "Kaproen". Des illustrations passées sous silence jusqu'en 2010... Après la guerre il va chercher l'inspiration dans les romans, les contes, le cinéma. En 1947, il dépoussière le roman historique "Till l'espiègle" et le met en image pour le journal de Tintin avec humour et ironie. En 1952, impressionné par les exploits de "Lassie" au cinéma, il imagine "Bessy", un colley qui part avec son maître Andy à la découverte de l'Amérique. Plus tard, en 1972, il puise son inspiration dans la pièce "L'auberge des Adrets" pour dessiner les aventures de "Robert et Bertrand", deux marginaux épris de liberté. Pour coucher sur le papier ses mille et unes idées, Vandersteen créé dès 1949 un studio de dessinateurs qui l'assistent dans sa tâche...

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Willy Vandersteen (c) "Willy Vandersteen raconte..."

Mais les héros les plus célèbres de Willy Vandersteen sont "Bob et Bobette". Avec plus de 300 albums à ce jour (de nouveaux auteurs ont repris la série après la disparition de l'auteur) les deux petits personnages ont permis à leur créateur de se faire connaître hors des frontières belges. Le centre de la BD résume assez joliment l'esprit de cette série : "Directement inspirées par la littérature populaire et le feuilleton, ses histoires intriguent et rebondissent, son humour n’a peur d’aucun non-sens et le contexte général de ses récits est ouvert sur le social." La famille de Bob et Bobette, c'est une famille recomposée en avance sur son temps. Les deux enfants n'ont pas de parents. Ils vivent chez leur tante Sidonie, une célibataire au caractère bien trempé (loin de la vision de la femme au foyer) secrètement amoureuse de Monsieur Lambique. Le dernier membre de la tribu s'appelle Jérôme. Un malabar si flemmard qu'il s'économise en supprimant un mot sur deux quand il parle. Grâce aux inventions du professeur Barabas, Bob et Bobette voyagent dans le futur, le passé... rencontrent des personnages extraordinaires : un papillon philanthropique  le prince des poires, une licorne solitaire, des fantômes espagnols...

bob-et-bobette-le-flutiste-farfelu---willy-vandersteen[0]Certes, ces aventures s'adressent à un public plus jeune que celui de Tintin, mais elles sont incontestablement plus dynamiques, plus riches, plus libres, plus drôles que les aventures du reporter. Et donc elles sont agréables à lire encore aujourd'hui. Les personnages bondissent, s'invectivent, s'étreignent, les péripéties s'enchaînent à un rythme soutenu.

La série est aujourd'hui diffusée au Portugal, au Chili, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis, au Tibet, en Islande, en Autriche... elle s'est vendu à 300 millions d'exemplaires depuis 1946. Elle a donné lieu à un dessin-animé au cinéma, une série télévisée, des produits dérivés... Et pourtant, elle n'a pas véritablement connu le succès en France. Malgré un prix du meilleur auteur étranger au festival d'Angoulême en 1977, la série a connu une diffusion aléatoire chez nous. Elle n'a été publié dans le journal de Tintin qu'entre 1948 et 1959... très "belge" dans son esprit et son humour, la série a peut-être eu du mal séduire le public français. Plus généralement, en faisant de nombreuses références à la culture populaire du Nord de l'Europe, les différentes séries de Willy Vandersteen ont pu sembler hermétiques aux lecteurs francophones... Dommage.

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(c) Daniel Fouss

L'expo du Centre de la Bande-Dessinée de Bruxelles présente les grandes séries de l'auteur, ses sources d'inspiration, les planches (des bijoux...), les coulisses de la création. Une rétrospective très riche. Un petit détour par la librairie du centre ou les nombreuses bouquineries de la ville devraient vous permettre pour deux ou trois euros d' "essayer" un album de Vandersteen.

"Willy Vandersteen raconte..." au Centre Belge de la Bande-Dessinée, 20 rue des Sables, Bruxelles. Jusqu'au 1er septembre 2013. A découvrir en même temps que l'expo sur les 75 ans de Spirou.

Petit conseil de découverte : pour entrer dans l'univers de Bob et Bobette, commencez par les histoires publiées dans le journal de Tintin. Graphiquement, ce ne sont pas les plus modernes. Mais ce sont les plus abouties, les plus soignées de la collection. Les titres : 

"Le fantôme espagnol"

"La clef de bronze"

"Le casque tartare"

"Le trésor de Berseel"

"Le gladiateur mystère"

"Les martiens sont là"

"Les masques blancs"

"La cavale d'or"

En bonus, quelques images qui bougent avec une des bandes-annonces d'un des derniers albums parus, "Krimsonia" :