Republican Presidential candidate Donald Trump reacts as he speaks at the 2015 FreedomFest in Las Vegas, Nevada July 11, 2015. REUTERS/L.E. Baskow/Las Vegas Sun - RTX1K10O

Le débat sur la santé mentale de Donald Trump repart de plus belle

Ils sont nombreux à être convaincus de l'instabilité psychique du président américain et à vouloir le démontrer. Mais tous les professionnels de santé sont tenus de garder leur avis sur ce sujet. D'autres, à l'inverse, pensent qu'il est leur devoir d'alerter l'opinion publique sur le danger que représente l'état de santé mentale de Donald Trump. 

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Le sénateur démocrate, Jack Reeds, et la sénatrice républicaine, Susan Collins

C'est une conversation privée entre deux sénateurs américains, dévoilée par le Washington Post mardi 25 juillet, qui remet le sujet sur la table. A l'issue d'une séance au Sénat américain, le Démocrate Jack Reeds et la Républicaine Susan Collins, évoquent leurs inquiétudes sur la santé mentale du président. Des propos cités dans le cadre d'une conversation privée, mais enregistrés par leur micro resté ouvert. "Je pense qu'il est fou, et je ne le dis pas à la légère, comme s'il était juste un peu cinglé", confie le sénateur démocrate à sa collègue. "Je suis inquiète", renchérit cette dernière.

Il faut dire que l'attitude du président américain suscite des questions, notamment ses tweets matinaux - souvent incompréhensibles, parfois même illustrés d'insultes - la façon systématique avec laquelle il résume chaque information en fake news et enfin son attitude décalée. Un comportement loin de l'image mesurée d'un chef d'Etat.

"Un narcissisme malveillant" 

Ce débat autour de la stabilité psychique de Donald Trump reste présent depuis les débuts de la campagne présidentielle. En décembre dernier, dans une lettre rendue publique par le Huffington Post, trois éminents universitaires en psychiatrie avaient décidé de prendre les devants pour alerter Barack Obama. Les Dr. Judith Herman, Nanette Gartrell et Dee Mosbacher se sont accordées pour dénoncer les symptômes du président : "la grandiloquence, l'impulsion, l'hypersensibilité aux affronts et aux critiques, et une apparente incapacité à distinguer fantasme et réalité".

Petit à petit, les spécialistes sortent de leur réserve. Ainsi, en avril dernier, des universitaires ont organisé à Yale une conférence avec pour sujet l'état mental du président des Etats-Unis. Ils en sont arrivés à la conclusion que le milliardaire serait atteint d'un "narcissisme malveillant", de troubles de la personnalité avec des tendances asociales et paranoïaques. "Je pense que c'est notre devoir d'alerter", confiait le psychiatre Jerrold Post, basé à Bethesda dans le Maryland, dans un article du New Yorker publié en mai dernier.  

La fameuse règle du "Goldwater" 

Au sein du milieu de la psychanalyse américaine, émettre des avis quant à la santé mentale du président suscite une controverse. Car, depuis 53 ans, les professionnels de la santé sont priés d'observer une règle informelle, dite "Goldwater". Celle-ci leur interdit de s'exprimer sur la santé mentale d'une personne publique, sans son consentement.

Il faut remonter à 1964 pour comprendre l'origine de cette règle. Le magazine Fact avait publié un numéro spécial intitulé "L'inconscient du candidat républicain" en référence à Barry Goldwater. Des centaines de psychanalystes avaient alors répondu à un sondage sur les aptitudes du candidat à l'élection présidentielle et ont déclaré qu'il n'était "psychologiquement pas apte" à assumer la fonction présidentielle. Un procès a été intenté contre le magazine, condamné pour diffamation. Conséquence : l'Association de psychiatrie américaine (A.P.A) élabore la règle de Goldwater en 1973 instaurant le respect du secret médical, et interdit ainsi à tous ses membres de réaliser le diagnostic d'une personne non examinée. Cette association américaine comprend plus de 37 000 membres depuis le XIXème siècle.

Vers la suppression du tabou ?

Pourtant, ces derniers mois, plusieurs professionnels de santé n'ont pas hésité à s'affranchir de cette règle informelle, pour étudier le sujet à titre personnel ou en petit comité. Au début du mois de juillet, l'association l'American Psychoanalytic Association a décidé qu'il était temps de trancher sur le sujet de la santé mentale de Donald Trump. L'organisation donne ainsi la parole à ses 3 500 membres, qui peuvent désormais commenter la santé mentale de personnalités politiques et apporter diverses analyses.

Toutefois, sur Twitter, l'Association de psychiatrie américaine a fait savoir que la "règle de Goldwater" reste maintenue.

Une pétition lancée en ligne pour la destitution de Trump 

Sur Change.org le psychothérapeute John Gartner, de l'université John Hopkins, dans l'Etat du Maryland, a lancé une pétition avec l'association 'Duty to Warn' pour en appeler à la destitution du président américain. En quatre mois, la requête accumule déjà plus de 58 000 signatures.

Aliénor Vinçotte